lundi 1 février 2010

17 janvier - 16 avril

01/02/2010, date palindrome !
Et c'est aussi l'occasion de revenir sur un schéma en rapport avec le palindrome, dans ma nouvelle L'enchanté réseau, publiée dans Rêves de Razès.
Sans le calculer, j'y avais placé l'arrivée de mon abbé Enée-Ursin Bargère à Caenne-le-Resthau, soit Bérenger Saunière à Rennes-le-Château, l'illustration telle qu'elle figure dans le livre, réalisée avec peu de soin (mais le rectangle est ici à la section d'or exacte de la période couverte par ma nouvelle, de sa naissance le 16 avril 1855 à sa fantastique découverte du 16 avril 1908, son 53e anniversaire qui était cette année-là le Jeudi saint.
C'est cette date qui avait inspiré ma nouvelle, date issue d'une erreur curieuse dans L'aiguille creuse, qui m'avait conduit à imaginer un schéma fantasmatique :
0-1378 : 13 périodes de 106 ans
1378-1484 : les 106 ans de la prétendue vie de Christian Rosencreutz, fondateur de la Rose+Croix selon les premiers manifestes de la confrérie
1484-1908 : 4 périodes de 106 ans
Soit un motif 13-1-4 que j'associais ici à la 14e lettre d'Elisabeth Lovendale, perdue parmi 18, ou à la 14e pièce des 18 de l'Art de la Fugue, dont une partie a été perdue. Comme par ailleurs le Jeudi saint est un jour essentiel rosicrucien, j'ai donc imaginé le 16 avril 1908 avoir été une date essentielle rosicrucienne. Si pour ma part je suis convaincu que toute l'affaire des Rose+Croix était au départ un canular, les courants qui se sont réclamés ensuite du rosicrucisme ne semblent pas avoir prêté attention au schématisme des 106 ans de Rosencreutz dans l'ère chrétienne. La Rose+Croix AMORC privilégie plutôt un cycle de 108 ans, que Gérard de Sède a relié dans Signé Rose+Croix à la découverte par Saunière de la tombe Blanchefort en 1891 (bien que ce soit 110 ans après la mort alléguée de la marquise en 1781).
Bref j'ai donc choisi de faire découvrir ma tombe rosicrucienne par mon abbé le 16 avril 1908, le jour de ses 53 ans, moitié de 106 correspondant mieux à Saunière qui a eu 56 ans le 1er juin 1908. Comme d'aucuns jugent significatifs ses 33 ans à son arrivée en 1885 à RLC, âge christique, j'ai conservé cet âge symbolique en faisant arriver en 1888 à CLR Bargère, né le 16 avril 1855, et j'ai choisi le 17 janvier pour son rôle primordial dans la mythologie castelrennaise, connu de tous ceux qui s'y intéressent. La date apparaît dès L'or de Rennes en 1967, soulignée par quelques coïncidences trafiquées par l'équipe Plantard, probablement pour attirer l'attention vers la Saint-Sulpice et l'église parisienne traversée par le méridien de Paris.
Voilà. Je certifie avoir choisi ces dates d'emblée, pour les raisons exposées. Au cours de l'écriture de la nouvelle, je me suis avisé que 33 ans représentait grosso modo la section d'or de 53 ans, et j'ai eu la curiosité d'affiner le calcul en jours, pour découvrir donc que la section d'or des jours correspondant à ces 53 ans tombait exactement le 17 janvier 1888.
J'ai pu inclure ce merveilleux résultat dans la nouvelle, où j'avais déjà décidé d'utiliser le nombre d'or, pour le format de la stèle de Rexadon, parce qu'en imitant la stèle de Blanchefort j'ai remarqué que celle-ci était à peu près au format d'or.
Toujours est-il que, aujourd'hui, j'ai repensé à ce résultat et que j'ai songé à le vérifier sur cette page permettant les calculs en jours juliens. Il suffit d'y noter 16 4 1855 12 0 0 pour apprendre que c'est le 2398690e jour julien, situé 19358 jours avant le 16 avril 1908. La section d'or 19358/Phi est 11963.9, qu'on arrondit à 11964 et ajoute à 2398690 dans la case voulue. Le calcul inverse donne bien le 17 1 1888.
La simplicité des manipulations m'a conduit à poursuivre la série d'or, ajoutant 11964 jours après le 16 4 1908, ce qui mène au 17 janvier 1941, et y ajouter 19358 mène au 17 janvier 1994, décidément mon choix de 53 ans au Jeudi saint 1908 était éminemment générateur en 17 janvier tous azimuts, que ce soit à la section d'or de ces 53 ans, ou aux dates dont ces 53 ans seraient la grande ou la petite section d'or.
Ceci n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire, la logique de la progression d'or voulant que, à partir du choix initial d'un temps de 53 ans, dont la section d'or s'est trouvée être un 17 janvier, le point d'or suivant se trouve 53 ans après ce 17 janvier, et le suivant 106 ans plus tard. Toutefois il s'agit d'un calcul en jours, et les bizarreries du calendrier font que 53 ans correspondent selon les cas à 19357, 58 ou 59 jours. Si par exemple l'année 1900 avait été bissextile, la période aurait compté un jour de plus et sa section d'or serait tombée le 18 janvier 1888.

Le 17 janvier, c'est d'abord la date portée par la stèle de la marquise de Blanchefort, qui serait décédée le 17 janvier 1781, et mon anagramme du texte de cette stèle m'a fait transformer la date en Jeudi saint 1696.
La fin du message décodé du Grand Parchemin, "à midi pommes bleues", a donné lieu à une découverte volontiers présentée comme exceptionnelle : le 17 janvier à midi, les rayons du soleil passant à travers un vitrail installé par Saunière dessinent des pommes bleues en un endroit privilégié de l'église de Rennes-le-Château.
Si un phénomène lumineux peut effectivement y être observé le 17 janvier, et photographié (ici par J. Brunelin, d'autres photos ici), il n'est ni limité à cette seule église, ni à cette date, et les ronds sont multicolores, sans dominante bleue.
Depuis l'écriture de ma nouvelle, je me suis laissé tenter par Les archives secrètes du Prieuré de Sion, bradé en solderies, recueil de courts textes de Plantard, et ai été sidéré par le 9e, page 33, Le disque.
On y "apprend" qu'à Saint-Sulpice une curieuse coutume était jadis associée au rituel pascal. Le Mercredi saint, un disque de cuivre au coeur du choeur était astiqué jusqu'à briller comme un miroir. Le lendemain, Jeudi saint, tous les vitraux de l'église étaient occultés pour l'office des Ténèbres, à l'exception d'un endroit correspondant à un petit trou dans un vitrail. A midi, tous les cierges étaient éteints, et un rayon de soleil tombait sur le disque, renvoyant une lumière bleue due à l'oxyde de cuivre qui s'y était formé.
On appelait ce rituel "faire midi pommes bleues". Il a été aboli à la Révolution, et le principal témoignage de ce jeu solaire serait le tableau de Delacroix, Héliodore chassé du Temple...
Fin de citation. S'il existe bien un trou dans un vitrail de Saint-Sulpice, et des disques de cuivre dans le choeur, associés au dispositif gnomonique, le reste est évidemment de la plus haute fantaisie, mais il demeure que Plantard a bel et bien associé ici le phénomène Pommes Bleues du 17 janvier à RLC au Jeudi saint à Saint-Sulpice, alors que je n'imaginais aucun lien de ce type en choisissant les dates essentielles de ma nouvelle.
On trouve sur le web et dans la littérature diverses théories autour de la transformation du 17 janvier, 17/1, en 171, parfois basées sur le fait que 171 est la somme des nombres de 1 à 18.
Il existe ainsi un Cercle du 17 Janvier, qui organise tous les 17 janvier une réunion à RLC, dont le logo est éloquent.
L'écho avec ma nouvelle, où le 17 janvier n'apparaît qu'en rappel ironique des élucubrations diverses autour de cette date qui n'y a pas d'importance propre, est que la section d'or de 171, arrondie au plus proche entier, est 106, ce qui y était d'ailleurs évoqué. Il s'y ajoute que le 16 avril est usuellement le 106e jour de l'année.
Si ce n'était pas le cas pour le Jeudi saint 1908, année bissextile où c'était donc le 107e jour, l'autre 16 avril, où j'avais fait naître mon abbé, était bien le 106e jour de cette année 1855.

Je n'ai pas immédiatement approfondi la question du 17 janvier 1888 parce que je ne pouvais en parler tant que la nouvelle n'était pas publiée, et lorsqu'elle l'a été d'autres coïncidences ont primé, abordées notamment ici :
  • découverte en pleine nature d'une pierre semblant taillée en un rectangle d'or, la veille du jour où j'apprenais la parution du recueil de nouvelles.
  • ce recueil est au format d'or, et ma nouvelle y a une position dorée privilégiée.
  • alors que mon "actualité éditoriale" était nulle depuis bien des mois, en l'espace de quelques jours mes textes figuraient dans trois livres ou revues, sous les numéros d'ordre 13, 21, 34, nombres de Fibonacci m'étant particulièrement significatifs.

En approfondissant la question pour écrire ce billet, je me suis avisé de quantité d'échos que voici pêle-mêle :
  • Ma fascination pour les jeux lupiniens autour des 106 ans de Rosencreutz est telle que, dès 1996, j'ai écrit diverses études sur la question, mises en ligne après remaniement en 2002, et surtout j'ai envisagé un roman sur ce thème, décrivant une série de 18 meurtres en 1908, avec pour point essentiel le 14e meurtre le Jeudi saint 16 avril.
    Les 18 assassinés portaient des noms anagrammes de NOVEL-ROMAN, le jeu découvert à partir du nom Elisabeth Lovendale, nom en 18 lettres de valeur 171, comme les 18 lettres de A à R. Le principal personnage de mon roman était le détective Honoré de Valmondada, en 18 lettres de valeur 171. Il enquêtait sur la succession Monlorné, nom de valeur 106, avec son secrétaire le narrateur Alban Lenoirc, de valeur 106, comme d'autres acolytes, Hortense B, Jean Baroukh, Louis Malac.
    Je n'avais alors aucun intérêt particulier pour le nombre d'or, et n'avais aucune idée que je développerais plus tard l'obsession de rechercher des rapports dorés tel 171/106.
  • Je ne m'intéressais guère alors à l'affaire RLC, bien que connaissant le livre de Patrick Ferté y reliant l'oeuvre de Maurice Leblanc. Le mot clé "midi" (comme celui des pommes bleues) y apparaissait cependant avec une des victimes, le compositeur Marvel Noon, que j'imaginais avoir été un précurseur du dodécaphonisme (à cause de noon = 12 heures); l'exemple de composition donné était basé sur les notes B-A-C-H, parce que j'avais déjà remarqué que les 65 ans de Bach additionnés aux 106 de Rosencreutz donnaient 171; son nom provenait du roman Mister Noon de DH Lawrence, où Noon est aussi un compositeur.
  • Le recueil Rêves de Razès contient la nouvelle L'église creuse, de Patrick Genevaux. Arsène Lupin y vient à Rennes-le-Château le 22 juillet 1908 pour s'approprier les trésors découverts par Saunière, soit l'année même où je plaçais mon dénouement. Ce n'est pas un bien grand hasard puisque c'est précisément le 16 avril 1908 dans L'aiguille creuse qui m'avait inspiré, mais il n'était pas obligatoire que l'auteur respecte la chronologie lupinienne, d'autant qu'il a vraisemblablement plutôt choisi cette date parce que Saunière passe pour avoir été ruiné après 1908.
  • J'ai eu la curiosité de poursuivre vers son origine la suite de Fibonacci calculée à partir des 19358 jours correspondant aux 53 ans de Bargère, ce serait le 13e terme d'une suite débutant par 46 et 106, ce qui signifie que tous les termes ultérieurs s'expriment par des multiples de ces nombres par des nombres de Fibonacci. Ainsi, au 13e rang :
    19358 = 144 x 106 + 89 x 46
  • Ma seconde anagramme, composée avant d'écrire la nouvelle, s'achevait sur une expression énigmatique, REP CUMPAS DCXXXVI. Je n'ai pas pris la peine de justifier ce nombre, 636, employé parce que c'est un multiple de 106 et qu'il utilise 3 X, la lettre la plus ennuyeuse à caser dans les anagrammes car il y en a 5 dans l'épitaphe originale. Or 16 avril-17 janvier, c'est pratiquement le même quantième du mois, ce qui signifie que le calcul en mois de 53 ans donne une section d'or proche d'un entier, et c'est bien ce qui se passe pour les 636 mois (12 fois 53) de mon abbé Bargère.
  • En enquêtant sur les dates de Pâques, je me suis avisé qu'aux 3 années essentielles de la chronologie rosicrucienne correspondaient une même date de Pâques, le 18 avril (et donc une même date pour le Jeudi saint). Ces dates sont donc 1378 et 1484, naissance et mort de Rosencreutz, exprimées dans le calendrier julien, et 1604, où Pâques était encore le 18 avril, mais selon le calendrier grégorien, la réforme du calendrier étant survenue en 1582 (dans les pays catholiques du moins).
  • Ceci m'a donné envie d'approfondir, pour découvrir que 106 est effectivement une période privilégiée après laquelle il y a près de 40% de chances de retrouver la même date de Pâques, pourvu que les années multiples de 4 soient toutes bissextiles (cas du calendrier julien).
  • J'ai bien sûr calculé la gématrie de Bérenger Saunière, soit 74-92. Si un rapport doré "normal", comme 171/106, est du type a/b, il m'arrive de considérer des rapports du type 2b/a, et ceci m'est arrivé, après coup, pour Maxim Dufrax = 60-74, émule d'Arsène Lupin dans mon roman, où il volait les 18 wagons transportant l'héritage Monlorné, puis restituait le wagon 14 ne contenant que des valeurs non négociables. J'avais forgé ce nom pour diverses raisons, la seule contrainte numérique étant d'arriver au total 134 d'Arsène Lupin, et m'étais émerveillé ensuite de cet équilibre doré, appartenant à une suite particulièrement intéressante. L'équilibre précédent dans la même suite serait 37-46, moitié de 74-92. Le suivant serait 97-120, étudié ici.
  • Bérenger Saunière est né le 11 avril 1852 (à midi paraît-il). Je suppose que j'avais dû regarder à quoi ça correspondait, mais je suis surpris d'apprendre, ou de réapprendre, que c'était un dimanche de Pâques.

Ce dernier point offre un étonnant écho avec ce que je prévoyais de mettre dans ce billet en commençant à l'écrire.
Rohmer est mort le 11 janvier dernier. Leil n'a pas passé l'hiver hasard m'a mené à une notice nécrologique, ce qui me fit découvrir qu'il n'était pas né le 4 avril 1920 comme on le voyait le plus souvent, soit un dimanche de Pâques, mais le 21 mars, 14 jours plus tôt.
Pourquoi croyait-on qu'il était né le 4 avril ? Il me semble que c'est lui qui a accrédité cette date, notamment en soulignant la sortie de son film Conte de printemps le jour de son 70e anniversaire, le 4 avril 1990. Ce ne peut guère être par coquetterie qu'on se rajeunisse de 2 semaines, aussi la date symbolique de Pâques constitue-t-elle un semblant de motif, en accord avec mes inquiétudes développées ici.
J'ai ensuite pensé que ces considérations seraient mieux à leur place sur mon autre blog, où le 4 avril est une date clé, et puis voici que je (re)découvre que Saunière est né un dimanche de Pâques, Saunière dont j'ai utilisé le personnage, déguisé par une anagramme, et déplacé la naissance pascale originelle.
Or le pseudo Eric Rohmer est, selon ses propres dires, une anagramme (sans préciser de quoi car son vrai nom Maurice Schérer n'y correspond guère), et il s'était lui-même attribué une naissance pascale.

J'invite à lire 4 avril - 17 janvier sur Quaternité, complémentaire de ce 17 janvier - 16 avril.