mardi 18 septembre 2007

Rayon vert

18 septembre: la vision de Conte d'été il y a 5 jours m'a donné l'envie d'avaler tous les films de Rohmer. Dès le lendemain j'ai commandé une première série de 4 DVD, arrivés ce matin dans ma boîte. J'ai aussitôt regardé le

qui m'intéressait spécialement pour diverses raisons, parce que le Rayon Vert est un des thèmes de prédilection de mon ami JP Le Goff, grand explorateur de l'univers des coïncidences, parce qu'une de mes propres explorations concernait le Rayon-Vert de Roussel, parce enfin que j'avais appris par hasard que Rohmer avait voulu pour ce film une musique originale, basée sur les notes si bémol-la-do-si naturel, soit B-A-C-H selon la notation musicale allemande.
J'ai commencé par regarder le bonus où Rohmer parle de son film pendant quelques minutes, et où il déclare que c'est lui-même qui a composé le thème monodique qui est effectivement la seule musique du film proprement dit. Ce thème a ensuite inspiré son musicien Jean-Louis Valero qui en a fait une fugue, entendue pendant le générique final.
Rohmer n'explique pas le choix de BACH, qui pourrait avoir deux raisons subtiles:
- Bach en allemand signifie "rivière", or son actrice principale sinon unique est ici Marie Rivière, de plus donnée comme co-auteur du film. Elle fond en larmes à tout moment, et Cry me a river aurait aussi été une musique appropriée (Pleurer des rivières en français).
- Le titre du film fait référence au roman homonyme de Verne, or l'humoriste Charles Pasquier a fait une brillante carrière jusqu'en 1950 sous le nom de Bach, notamment connu pour son duo Bach et Laverne...
Rohmer livre la partition de sa mélodie :
En fait ce thème de 8 mesures débute par les notes CHB, et il faut attendre la dernière mesure pour trouver un A (ses 4 notes sont ABGA). Au plus bref, à une note près, les 4 dernières mesures constituent ce que la théorie musicale nomme le "renversement" des 4 premières, soit l'envers vu dans un miroir placé sous la première ligne de musique (avec quelques ajustements).
Il faut savoir que d'une part Bach est l'exemple type des compositeurs "renversants", avec deux paires de fugues à 3 et 4 voix entièrement écrites selon ce principe, d'autre part les exégètes des Voyages Extraordinaires de Verne parlent volontiers de voyages à l'envers (enver anagramme de Verne), ainsi Philéas Fogg gagne-t-il son pari excentrique parce qu'il a fait son tour du monde vers l'est, dans le sens inverse de la course du soleil.

L'en-vert serait un jeu un brin plus subtil que Léna préparant l'ENA dans Conte d'été, et j'en vois d'autres exemples éventuels.

Et le nombre d'or? Eh bien ça marche tout à fait bien encore. Le film dure 94'19" sur le DVD, ce qui localise la grande section d'or vers 58'. On ne sait rien du mystérieux rayon vert du titre jusqu'à l'instant 56'27", où Delphine (Marie Rivière) promenant sa triste solitude passe à Biarritz devant un groupe de 5 personnes parlant du rayon vert... Elle ralentit, car elle est attentive à tout ce qui est vert. Ce sont 3 amies, la quarantaine environ, qui parlent du rayon vert, le dernier rayon du soleil couchant sur la mer lorsque de rares circonstances sont réunies, et du roman homonyme de Verne. La section d'or exacte du film, générique de début omis, tombe à la seconde près à la fin d'une phrase énoncée par une des dames: "Quand on voit le rayon vert, on est capable de lire dans ses propres sentiments, et dans les sentiments des autres."

Delphine s'est arrêtée pour écouter ces propos. Après quelques nouvelles errances elle aboutit enfin à St-Jean-de-Luz, en compagnie d'un gars rencontré par hasard. Alors qu'elle est sur le point de le planter là comme les autres gars qui ont fait mine de s'intéresser à elle, elle aperçoit l'enseigne verte du magasin de jouets et souvenirs présentée ci-dessus, elle emmène le gars contempler le coucher du soleil, ils voient le rayon vert, ils s'enlacent... FIN

La séquence de discussion autour du rayon vert dure près de 5 minutes. A côté des 3 amies il y a un couple plus âgé qui se joint à la conversation, et le monsieur qui donne l'explication savante du phénomène n'est autre que Hubert Reeves, non crédité au générique, où il apparaît semble-t-il sous le nom de Dr Friedrich Günther Christlein.

Je me demande si ceci n'est pas voulu pour attirer l'attention sur le nom Reeves, qui peut se prononcer "Rêve", soit l'envers de "Vert". Trois ans plus tôt, en 1983, Robbe-Grillet avait nommé l'un des personnages de son film La belle captive le professeur van de Reeves, prononcé "vend des rêves", jeu revendiqué explicitement par le réalisateur.

Note du 5/6/8: Je viens de lire Rohmer et les autres (2007), où son assistante Françoise Etchegaray parle du rôle du hasard dans les films de Rohmer et cite le cas de cette scène à Biarritz, où la rencontre du "physicien retraité" sur le lieu du tournage serait un pur hasard.
Je ne vois pas pourquoi je douterais de son témoignage, néanmoins la coïncidence serait extraordinaire, et il me semble imaginable que Rohmer l'eût organisée avec la complicité d'Hubert Reeves (qui n'avait alors que 54 ans et était loin d'être à la retraite).


A la petite section d'or, vers 36', il y a une séquence probablement significative aux yeux de Rohmer, puisqu'il en propose plusieurs images dans son court commentaire. Delphine se promène dans la campagne du côté de Cherbourg, on devine qu'elle se roulerait volontiers dans l'herbe drue des champs, mais des barrières en empêchent l'accès. L'image ci-contre montre la première de ces barrières, à 36'19", à l'exacte petite section d'or.

Au début du film Delphine marchant en ville tombe en arrêt devant une affichette verte, collée sur un poteau

La caméra en donne un gros plan (cliquer sur l'image), et je suis sidéré devant le nom de l'animateur de ces séances de relaxation, Jacques Hains, alors que j'avais conclu mon billet précédent sur Conte d'été, se passant à Dinard, par l'évocation de Raymond Hains, pour la seule raison qu'une photo de Hains prise à Dinard faisait le lien avec les gidouilles du pénultième billet...

A bien y réfléchir, Rohmer n'a pas dû manquer de déchiffrer cette affichette, et il ne pouvait ignorer les fameuses affiches lacérées de Raymond HAINS et JACQUES Villeglé.
Cette affichette verte ne suggérait-elle alors pas pour lui RAYmONd ? sinon Raymond Roussel auteur d'un conte jouant sur l'homophonie du rayon vert vernien et du crayon vert ?

L'image finale du rayon vert a probablement été retravaillée. Quel que soit le procédé employé pour obtenir la couleur verte, je trouve amusante l'analogie avec le Cuirassé Potemkine, où le climax du film, le hissage du drapeau rouge voulu par Eisenstein à la section d'or du film, a été souligné par le coloriage à la main des images correspondantes. Comme je l'ai déjà dit, Rohmer connaissait la structure d'or de ce film, et ses commentaires dépassaient nettement les propres déclarations d'Eisenstein, allant jusqu'à imaginer que chaque image du film était gouvernée par le nombre d'or.

A signaler encore que Rohmer a obtenu pour ce film doré le Lion d'or de Venise.

Enfin j'ai limité ce billet à ce qui pouvait avoir un rapport direct avec les intentions de Rohmer, j'aborde ici une cascade de coïncidences liées à ma vision de son film.

dimanche 16 septembre 2007

Compte d'été

13 septembre : Arte diffusait Conte d'été qui me semblait un Rohmer intéressant par son double rapport à Pauline à la plage, le soleil balnéaire et le retour de l'actrice qui jouait Pauline, Amanda Langlet.









La voici donc en Pauline, à 15 ans, puis à 28 ans en Margot.Je me suis souvenu avoir déjà regardé le début de Conte d'été lors d'une lointaine diffusion, et n'avoir pas supporté bien longtemps sa lenteur à démarrer.
Peut-être mon désintérêt d'alors avait-il eu pour cause une construction selon le nombre d'or, imposant un retard considérable à tout ressort dramatique essentiel, en tout cas c'est à cause du nombre d'or suspecté dans plusieurs films de Rohmer que je regarde désormais ses films jusqu'au bout, et celui-ci me semble particulièrement significatif (soit dit en passant que je ne vois pas du nombre d'or dans tous les films de Rohmer et que je m'abstiens de parler des autres).
Donc celui-ci est logiquement prédestiné à une construction d'or par son sujet, un gars hésitant entre trois filles, lesquelles entrent successivement en scène, or les deux sections d'or d'une quantité quelconque (1) la partagent en trois parts inégales (0.382-0.236-0.382), et ceci correspond remarquablement au découpage du film selon les entrées en scène des demoiselles.
Je n'étais pas très sûr de mes chronométrages, fort heureusement cette page non seulement donne les durées précises de chaque séquence du film, mais de plus donne la division conçue par Rohmer lui-même en 18 séquences, idéalement réparties selon ce schéma en 7-4-7, bien que leurs durées soient très variables (de 2'40" à 12'44").
Voici donc les résultats :
1e partie: Margot, 7 séquences totalisant 42'12" (41'28" serait la durée idéale calculée d'après les 108'33" des 18 séquences, sans les génériques)
2e partie: Solène (+Margot), 4 séquences totalisant 25'44" (25'37" idéal !)
3e partie: Léna (+Margot+Solène), 7 séquences totalisant 40'37" (41'28" idéal)

Nous sommes donc fort proches (44, 7 et 51 secondes) des durées idéales, et ces calculs donneraient de meilleurs résultats encore en prenant en compte le générique de fin, lequel est un point d'orgue à valeur émotionnelle certaine, tandis que celle du générique d'introduction est nulle.
Un autre élément essentiel est la présence d'Amanda Langlet, dont l'amourette de Pauline à la plage se déroulait presque exactement entre les deux sections d'or du film.
Dans Conte d'été, c'est précisément entre ces deux sections que sa nouvelle incarnation, Margot, se sent rejetée par Gaspard. Dans la (longue) première partie, leur amitié a évolué vers le flirt; bisous et attouchements divers sont échangés lors de leur dernière promenade... Puis c'est la rencontre de Solène, bien plus directe, la gêne de Gaspard lorsque, en sa compagnie, il rencontre Margot, la scène que lui fait-celle ci dès qu'ils se retrouvent en tête-à-tête. Gaspard parvient cependant à la raisonner et à confirmer leur statut d'amis à la fin de cette seconde partie.
Puis arrive Léna, et Gaspard a tant de problèmes avec les exigences de Léna et de Solène que la meilleure solution lui apparaît en Margot. Hélas entretemps celle-ci a eu des nouvelles de son ami aux antipodes, il revient bientôt, et Gaspard quitte les trois filles sans qu'il soit question de relations ultérieures...
Les durées des 3 parties et la particularité du choix d'Amanda Langlet sont donc des éléments essentiels qui m'amènent à une conviction de mieux en mieux établie du rôle du nombre d'or dans l'architecture des films de Rohmer. J'étais jusqu'ici hésitant parce que certaines harmonies que j'avais décelées ne semblaient guère intentionnelles, et puis j'ai découvert que Rohmer s'était exprimé sur le nombre d'or chez Eisenstein, qu'il avait eu toutes les chances de connaître dès 1968 les théories de Guy Mourlevat sur le nombre d'or à ND du Port, l'église magnifiée dans Ma nuit chez Maud, et maintenant ces nouvelles harmonies convergentes.


Les noms présents dans Conte d'été semblent encore significatifs, peut-être même un peu trop.
Ainsi Gaspard rencontre Margot à la crêperie du Clair de Lune, à Dinard, où elle est serveuse, tandis qu'il a profité du hasard de pouvoir disposer de la chambre d'un ami à Dinard, proche de Saint-Lunaire où il sait devoir passer sa connaissance Léna. Entre ces deux LUNE des 1e et 3e parties vient Solène, au nom SOLAIRE, surdéterminé par sa domiciliation à Saint-Malo (du celtique mach lou, "gage de lumière").
Margot peut trouver une raison immédiate avec la chanson Santiano d'Hugues Aufray, que Gaspard et Solène chantent ensemble, où le marin prend la mer pour de longs mois en laissant sa Margot à Saint-Malo, mais Margot est encore le diminutif de Marguerite, possible allusion au hasard auquel se fie Gaspard pour organiser sa vie (d'où peut-être l'origine de son prénom, Au hasard Balthazar étant déjà pris). Je t'aime, un peu, beaucoup...


A un niveau plus élaboré encore, la marguerite est une composée dont le nombre de pétales ne doit en fait rien au hasard: c'est, pour une fleur intacte du moins, un nombre de la suite de Fibonacci, intimement liée au nombre d'or. Si les pétales sont difficilement dénombrables sur une photo, j'ai emprunté au splendide site de JP Dalavan cette photo d'un coeur de marguerite où les capitules forment 34 spirales dextrogyres et 55 spirales lévogyres, deux nombres de Fibonacci dont le rapport donne une excellente approximation du nombre d'or.

Par ailleurs la fleur la plus souvent citée en exemple des spirales d'or végétales est le tournesol ou soleil...
Admettre que Rohmer ait effectivement utilisé le nombre d'or dans Ma nuit chez Maud, Pauline à la plage et Conte d'été risquerait d'émousser mon intérêt pour ses films, puisque, nombre d'or ou pas, ils m'ennuient le plus souvent. Enfin il faut croire que j'aime m'ennuyer...
Mais il y a les coïncidences reliées au nombre d'or, dont j'ai donné des exemples pour les films précédents, et Conte d'été n'en est pas exempt.

Ainsi c'est un film que Rohmer a tourné en format 1.66, format que les lecteurs de DVD transforment en quelque chose de très proche du rectangle d'or (1.618), ce que j'ai découvert en regardant le DVD Pauline à la plage, film reformaté dans des conditions encore non éclaircies car il a été tourné en format 1.375 (lequel devient en principe 1.33 en cassette et DVD).

C'est sur ma vieille TV à écran 4/3 (ou 1.33) que j'ai regardé Conte d'été, au format 4/3 alors qu'il est fréquent que les films soient diffusés en respectant au mieux leur format originel. Ainsi j'ai vu en format d'or Pauline destinée au 4/3, et en 4/3 Margot destinée au format d'or... Arte propose sur son site commercial Artevod de télécharger divers films de Rohmer, et c'est sur ce site que j'ai copié les deux images de Pauline et Margot présentées au début du billet, toutes deux en 4/3.
Je n'ai pas téléchargé les films pour voir leur format réel, mais ceci m'a au moins permis de découvrir des images de Pauline au format originel (ou à peu près), et d'éclaircir un petit peu la question épineuse du passage au format 1.66 en retrouvant l'image correspondante sur le DVD. Ce n'est pas moins de 3 manipulations qui ont permis ce reformatage, ainsi, pour cette image:

[Attention ! ce qui suit est erroné du fait que l'image donnée au début du billet n'est pas une image de la pellicule originelle mais un autre recadrage ! Je crois avoir trouvé de bonnes images que j'analyse ici.]

- un rognage sur le haut
- l'apparition sur la gauche d'une portion d'image originellement absente (je me perds en conjectures sur ce point!)
-l'élargissement anamorphique de l'image, d'environ 5%

Je le présumais, encore fallait-il le vérifier. 5% ce n'est pas rien (l'écart maximal à l'idéal d'or dans Conte d'été est de 2%), et il me semblait bien que les personnages de Pauline ne manquaient pas d'épaisseur, sauf lorsqu'ils étaient couchés.
C'est plutôt révoltant, quand on pense aux sacrifices que s'imposent nos starlettes pour garder la ligne. En fait cette déformation est observée par rapport au format 1.33, lui-même probablement déformé par une anamorphose inverse à partir du format de tournage 1.375 (soit environ -3%), mais il faut comparer ce qui est comparable et les amateurs de vidéo découvriront Arielle Dombasle et Amanda Langlet plus épaisses de 5% dans Pauline que dans les films tournés en 1.375...
C'est un brin compliqué, et j'attends de meilleures informations de quiconque aurait quelques lumières sur la question, qui a son importance, car si, comme je le soupçonne, le passage du 1.375 ciné au 1.33 TV est opéré par anamorphose plutôt que par rognage, alors le plan fixe du prêtre disant la messe à ND du Port dans Ma nuit chez Maud est-il originellement plus parfaitement doré que ce que j'ai envisagé dans mes billets précédents.

J'espère donc avoir l'occasion de revenir sur cette question des formats, et je veux encore évoquer un point qui pourrait donner écho à mon billet précédent, sur les spirales fibonacciennes ou gidouilles pataphysiques.
Conte d'été est centré sur Dinard, or j'ai en ma possession un petit carnet de photos prises à Dinard par Raymond Hains, carnet diffusé lors d'une exposition chez Agnès b. J'ai montré l'une de ces photos sur une page consacrée à une invraisemblable accumulation de coïncidences concernant notamment le cinéma d'Hitchcock (adulé par Rohmer) et le prénom Margo.
Toujours est-il que Hains semble avoir été fasciné à Dinard par un snack-bar, et plus particulièrement par les gidouilles décorant sa marquise. Les voici sur la double page centrale du cahier: Je signale encore que l'article de Denise Védy sur les spirales végétales, mentionné dans mon dernier billet, s'intéressait à la fleur de la marguerite.

samedi 8 septembre 2007

gidouilles & co(rnes)

Aujourd'hui 8 septembre le sieur Jarry Alfred fêterait son 134e anniversaire, s'il n'avait été rappelé auprès du Père Ubu le 1er novembre 1907, voici bientôt un siècle.
Ce samedi 8 septembre est pour les Pataphysiciens le dimanche 1er Absolu 135, selon leur calendrier dont l'an 1 débute le 8 septembre 1873 de l'ère vulgaire. J'ai relaté ici l'aventure hautement pataphysique qui a marqué pour moi le début de l'an 134, or j'ai découvert hier, dernier jour de cette année privilégiée, quelques curiosités dans une revue au titre éminemment pataphysique, Crosses et spirales. Qui dit spirale dit gidouille, telle celle ornant la panse du Père Ubu, et qui lui cherche des crosses fera connaissance avec son terrible croc à merdre.
Il s'agit du numéro 326 de la revue Atlantis, de mai-juin 1983, trouvé dans un casier d'un bouquiniste le 19 août dernier. Je ne m'attendais guère à trouver du Jarry dans cette revue au sain programme - De l'harmonie naturelle à l'harmonie spirituelle -, mais un coup d'oeil m'avait indiqué qu'il y était question du nombre d'or, et je suis preneur de tout ce qui concerne le nombre d'or, dans tous les domaines, malgré l'affligeante débilité de la plupart des écrits sur le sujet.
Pour information, l'association Atlantis a un passé douteux. Fondée en 1926 par un monsieur qui sera quelque peu collabo par la suite... Il lui succèdera en 1953 Jacques d'Arès qui s'efforcera d'escamoter les côtés antisémites de son maître..., enfin bref je ne suis en rien un sympathisant des thèses atlantéennes.
Il y a 3 jours j'ai regardé ce numéro, dont les deux articles principaux concernent donc largement le nombre d'or. L'un est consternant, l'autre, de Denise Védy, sur les spirales dans la nature, est plutôt bien fait, très complet, se gardant de conclusions outrancières sur l'omniprésence des spirales d'or végétales. Il lui suit une petite étude numérologique fumeuse sur les valeurs numériques des mots grecs liés au sujet, le premier étant l'eau, avec ses vortex et tourbillons divers, au premier plan des préoccupations des atlantéens qui attendent l'ère du Verseau. "Eau" est en grec un mot de 4 lettres, "udôr", de valeur 1304 = 4 x 326. Quelques considérations nébuleuses amènent l'auteur (l'eauteur) nommé Lautié à imaginer que les numérologues égéens privilégiaient un triangle isiaque (ou pythagoricien) de côtés 978, 1304 et 1630, soit 3, 4, et 5 fois 326.
La seule chose qui me frappe est ce nombre 326, numéro de la présente revue.
Atlantis, singeant les revues "sérieuses", a adopté un foliotage annuel, ainsi ce n° 326 a ses pages numérotées de 265 à 336. La coïncidence ci-dessus m'a conduit à examiner la page 326 de ce n° 326:

Son illustration est la seule de la revue à approcher le format d'un rectangle d'or. On pourra le vérifier en cliquant sur l'image ci-dessus, ce qui fait apparaître la page au double de son format original, l'illustration mesurant alors 65 x 104 mm.

Elle est encadrée par deux noms propres, dont j'ai eu la curiosité de calculer les valeurs numériques, en utilisant plus prosaïquement les rangs des lettres dans notre alphabet:

GUY BEATRICE = 116 (53+63)

SAINT ANDOCHE DE SAULIEU = 210 (63+50+9+88)

soit 326 pour un total de 32 lettres et 6 mots.

Ceci m'a conduit à éplucher ce numéro plus attentivement que je ne l'envisageais, pour découvrir sans grand effort une formidable concentration de "noms dorés" dans la dernière page (j'ai abordé ici la question du "nom doré", tel que les valeurs numériques des prénom et nom d'une personne soient en rapport doré optimal). Tout semble tenir dans la seconde et dernière colonne de cette page 336, consacrée à deux notices de lecture:

Il s'agit des auteurs
Pierre DUDAN = 71 + 44
et
Antoine BECHAMP = 78 + 48
Ce sont des noms dorés idéaux.
L'auteur de la dernière notice est le président d'Atlantis
Jacques D'ARES = 76 + 47
encore un nom doré idéal.
J'ai évalué ici la probabilité pour qu'un nom soit doré à 1 chance sur 40, environ, mais ceci ne valait que pour des relations minimales, où le partage doré de la somme prénom+nom conduit, en arrondissant aux plus proches entiers, aux valeurs effectives. Le "nom doré idéal" est tel que les valeurs des nom et prénom se déduisent l'une de l'autre par simple application de la règle d'or (division ou multiplication par Phi=1.618, résultat arrondi au plus proche entier), la probabilité étant portée ici à environ 1 chance sur 100.
Ainsi la probabilité pour que les deux dernières notices de cette revue soient consacrées à deux noms dorés idéaux est-elle d'1 chance sur 10 000, à quoi il s'ajoute que le nombre d'or est largement évoqué dans la revue, que le nom de son président, sur lequel elle s'achève, est lui-même "doré idéal", que ces trois noms dorés idéaux sont de la même forme prénom>nom, la plus rare.
Le seul bémol apparent au tableau est que Denise Védy, signataire de la première notice et auteur du seul article qui m'ait paru louable, n'a pas un nom doré, mais je me suis aperçu ce 1er Absolu en rédigeant ce billet que son nom peut entrer dans une harmonie plus formidable encore que ce qui précède.
DENISE VEDY = 56 + 56 = 112
soit une égalité parfaite nom-prénom et donc un rapport 1 (le nombre d'or est lui-même un rapport, sous-entendu au nombre 1).
Elle évoque dans sa notice deux livres du sieur Pierre Dudan :
L'écume des passions = 12+47+28+112 = 199 et
Antoine et Robert = 78+25+78 = 181.
Cette dernière valeur 181 est en harmonie dorée idéale avec la valeur 112 de la commentatrice, il en va de même pour 199 par rapport au 123 du président Jacques d'Arès = 76+47, signataire de la dernière notice.
La conjugaison des deux titres et des deux membres d'Atlantis donne le rapport
(181+199)/(112+123) = 380/235, se simplifiant en 76/47, soit le rapport même inhérent au président.
Il est enfin joli de voir que le titre en harmonie avec la dame 56-56 soit basé sur deux prénoms de même valeur 78-78. Le texte nous apprend que l'auteur y confronte Saint-Exupéry et Brasillach, qui ne font pas partie de mes lectures de chevet, mais qui présentent entre eux une autre harmonie dorée idéale:
Antoine de Saint-Exupéry = 78+9+63+114 = 264
Robert Brasillach = 78+85 = 163
ainsi 264/1.618 = 163.16..., à arrondir à 163.
Donc cette colonne offre un minimum de 6 relations dorées idéales, la meilleure d'entre elles (199/123 = 1.61788...) apparaissant entre le titre en gras débutant sa première ligne et le nom Jacques D'Arès formant la dernière ligne.
Toutes ces relations peuvent être vérifiées grâce au Gématron en ligne, lequel peut éventuellement permettre d'en découvrir d'autres, mais je doute qu'il soit aisé, sinon possible, de trouver mieux, me basant sur des recherches de même type dont je suis quelque peu familier.
Je montre peut-être ainsi, l'avenir le dira, une confiance outrecuidante en mon instinct doré, lequel m'a fait spécialement m'intéresser au nom Antoine Béchamp, sans raison évidente (peut-être parce que BECHAMP est le seul mot donné en majuscules dans les titres de ces notices). Les autres découvertes sont venues après le constat de cette première harmonie.

jeudi 6 septembre 2007

Adrien Schulz

J'ai retrouvé un petit lot de documents concernant mon bisaïeul Adrien, permettant d'apporter quelques précisions au billet précédent.

Il y a un catalogue d'une vente à Drouot de 33 tableaux en 1890, où figure notamment la série des illustrations des Fables et nommément la Perrette que j'avais donnée en exemple, pour son format proche de la proportion 8 par 13 (Fibonacci).

Ce catalogue ne précise pas les formats, mais il y en a un autre de
1903 où ils sont donnés, mentionnant 5 toiles de 65x40, ce qui est proportionnel à 13x8.
Ce format n'est pas classique (voir ici les principaux formats), et le catalogue cite aussi 6 tableaux de format non classique 27x17 (parmi nos 10 tableaux conservés d'Adrien, il y en a 3 de ce format, plus doré que le classique 27x16, présent également pour 2 tableaux du catalogue).
Je ne peux guère en dire plus. Soit ces formats plus proches de rectangles d'or que les formats classiques étaient alors courants, soit non. Les deux cas ne s'accordent guère avec la thèse de Marguerite Neveux.
Enfin je n'ai aucune idée préconçue ici, je ne fais que tenter de comprendre le point le plus troublant rencontré chez Adrien, son tableau sur carton de 267x165 mm, au format doré absolument idéal, difficilement imputable au hasard.
Ce format est proche du 27x17 cm. J'ai donc deux toiles sur châssis de ce format, plus un carton dont la découpe n'est pas parfaitement d'équerre. Ce semble une gouache, plutôt passée, plutôt moche de fait, malgré une ligne d'horizon très proche de la section d'or sur le bord gauche.
Sans toujours pouvoir dater le carton de 267x165 mm, qui pourrait être un 27x17 cm raté (mais son équerrage est presque parfait), le nouveau lot m'a fourni un indice important concernant la curiosité associée à l'huile sur carton, le carton de format parfaitement doré 102x63 mm sur lequel était collée la photo d'Adrien.
Il y a 3 autres cartons de ce format, l'un étant une carte d'exposant d'Adrien au salon de 1896. Elle porte aussi sa photo, où il semble plus vieux. Ce ne prouve en fait absolument qu'une chose, que la carte est de 1896, ce qui est tout de même important (le premier tableau de Sérusier au format et à la composition dorés date de 1897). Un autre carton de même allure que les 2 autres porte la même photo d'Adrien plus âgé, enfin une photo de Montigny sous la neige est collée sur le dernier, un beau carton blanc avec un liseré doré clairement manufacturé, alors que les autres cartons auraient pu être découpés par quiconque.
Le premier carton, avec Adrien jeune, se superpose exactement au carton blanc, les autres sont plus maladroitement découpés, notamment dans les arrondis des coins, et l'équerrage n'est pas parfait, portant la hauteur moyenne entre 102 et 103 mm.
Sans prétendre jouer les devins, il apparaît qu'il existait en 1896 et probablement avant un format 63x102 mm, dimensions peu intuitives ne pouvant guère se justifier que par la section d'or et plus particulièrement par la suite de Fibonacci (21 et 34 multipliés par 3).
En possession du tableau de 267x165 et du carton-photo de 102x63, il m'était venu l'idée de photocopier ce dernier pour montrer les propriétés additives des suites d'or, à savoir qu'une largeur et une longueur du carton donneraient la largeur du tableau, une autre longueur de carton donnant la longueur du tableau...

Avec 4 cartons il n'y avait plus besoin de photocopier, et effectivement je suis parvenu à parfaitement les superposer sur le tableau. Hélas lorsqu'il s'est agi de répéter cette disposition sur la vitre du scanner, les cartons gondolés ont un petit peu bougé, se chevauchant partiellement... Le résultat me semblant néanmoins suffisamment probant, je n'ai pas eu le courage de faire une seconde tentative.

Pour finir une photo de la maison de Montigny, prise aux alentours de 1960 par Jean Souverbie en personne. L'immense atelier d'Adrien était éclairé par la verrière au second étage.

Une brève bio trouvée dans ce lot m'a donné la raison de la rareté des tableaux d'Adrien après 1905, il avait conclu un contrat pour l'exportation exclusive de son oeuvre aux USA.