mercredi 10 octobre 2007

formath

Un commentaire de ce blog m'a appris que le site vidéo YouTube offrait de nombreux extraits de films de Rohmer, entre autres.
Il y avait un certain temps que je n'avais pas visité YouTube. Après avoir exploré les ressources Rohmer, j'y reviendrai, j'ai eu l'idée de chercher Pi, de Darren Aronofsky, pour découvrir qu'on pouvait visionner le film intégralement, en 4 parties (+ le générique de début).
On m'avait déjà parlé de ce film à sa sortie, et il m'intéressait au premier chef depuis juin où mes recherches sur le format d'or m'ont appris qu'il s'agissait du seul film effectivement voulu à ce format par son réalisateur. Je projetais de me faire offrir le DVD, en prévoyant cependant que, puisque le format cinéma 1.66 (plus exactement 5/3) devient 1.614 (proche du format d'or 1.618) lorsque visionné sur DVD, il y avait de fortes chances pour que le format d'or cinéma devienne sur DVD proche de 1.57 (par simple règle de 3), ce qui aurait été amusant puisque 1.57 est la moitié de 3.14, l'approximation courante de Pi...
Mais le sort a encore frappé, et la version donnée par YouTube n'est ni en 1.618, ni en 1.57, mais en 1.33, ou 4/3, le format de la fenêtre standard d'affichage de 114x85 mm.
Ainsi un cercle n'est plus très rond dans ce Pi, comme en témoigne cette image de la troisième partie, choisie parce qu'elle apparaît aussi dans la bande-annonce, qui figure à plusieurs reprises parmi le catalogue de YouTube.



Celle-ci semble respecter le format d'or original. Elle montre que le sieur tinytimton, responsable de la mise en ligne du film complet (je ne sais ni si c'est légal ni si cette version demeurera longtemps accessible), est parvenu au format 1.33 par deux opérations: rognage des deux bords de l'image et étirement dans la hauteur.

Je n'ai pas décelé de possibilité de mise en application de la section d'or dans la durée du film, mais il y est question du nombre d'or à plusieurs reprises, comme ci-contre avec ce croquis de la spirale d'or inscrite dans une série de rectangles d'or (qui n'en sont pas puisque l'image a été déformée).

Je ne vais rien dire de plus ici du film lui-même, lequel a ses curiosités propres que j'étudie ici.

Je m'attacherai à relier ma vision de Pi, au format 1.33 au lieu du format d'or désiré, à celle de Pauline à la plage le 6 juin dernier, le film que j'ai découvert avec stupeur au format d'or, alors que la pochette du DVD indique un format 1.33.
J'ai expliqué qu'en fait tous les films au format 1.66 apparaissent à un format presque doré visionnés sur DVD, mais que Pauline avait un statut tout à fait particulier, sinon unique, puisque c'est un film tourné originellement au format 1.33 mais reformaté en 1.66 pour son édition DVD.

Je croyais avoir élucidé ici les modalités de ce reformatage, par rognage du haut et du bas de l'image et étirement dans la largeur, soit des opérations similaires (mais inverses) à ce qui se passe pour Pi, mais je m'étais fié à une image 1.33 trouvée sur le site d'Arte, or cette image n'était pas issue directement du film, elle avait été reformatée, d'où mes déductions étaient erronées.

YouTube permet de visionner l'extrait concerné de Pauline, au format 1.33 originel. J'ai choisi une image un peu plus loin dans la scène, où Pauline, après avoir accepté les caresses de Sylvain sur son genou, se rebiffe quand il tente de l'enlacer:

A gauche la fenêtre de YouTube, à droite la fenêtre de mon logiciel de lecture de DVD. J'ai tenté au mieux de mettre les images au même format et de les aligner, ce qui permet de constater qu'il n'y a eu aucun élargissement anamorphique de l'image comme je l'avais supposé. C'est en fait plutôt un léger rétrécissement en largeur que j'observe, peut-être la conséquence du passage de 1.66 au format observé.

Telle est la force de la suggestion que, après m'être "démontré" (faussement) cet élargissement, je voyais clairement les acteurs de Pauline outrageusement épaissis. Telle est la puissance du hasard que j'ai mieux approché la question le 7 octobre, 4 jours après une curieuse diffusion d'un reportage sur Rohmer où Pauline ressemblait effectivement à une nageuse est-allemande.
Les 3 et 4 octobre à 14 h, Arte diffusait en deux parties Preuves à l'appui (rien à voir avec la série de TF1) où Rohmer avait consenti en 1993 à disséquer ses films.




J'ai regardé cela sur mon ordi, grâce à la visionneuse de mon fournisseur neuf.cegetel. Si tout était normal le 4, le 3 la première partie du docu était dans un format inédit d'environ 2.25, que j'ai recadré sur Pauline ci-dessus.
Et Rohmer dans son commentaire de cette image remarquait que son actrice avait pris inconsciemment la pose du tableau de Matisse au mur de sa chambre, La blouse roumaine, également caractérisé par certaines disproportions préfigurant peut-être les carrures des athlètes féminines du bloc de l'Est (la reproduction ci-contre respecte en principe le tableau original).
Le lendemain, il disait un mot des formats, en déclarant sa préférence pour le 4/3 (ou 1.33), parce qu'il aimait filmer les corps dans leur totalité.


Arte rediffusait également les 3, 4, et 5 octobre trois des Contes, tous tournés en 1.66 selon toutes les sources. Celui de Printemps le 3 était au même format que le docu précédent (voir ci-contre), celui d'Automne était en 1.33, enfin Conte d'Hiver était au format 1.66 (toujours légèrement réduit à environ 1.62) alors que je l'avais vu à la TV le 27 septembre en 1.33 (sans déformation anamorphique sensible de l'image). Comprenne qui peut...
Le 3, l'ascétique Rohmer semblait se préparer à remplacer Schwarzenegger pour le prochain Terminator, et la charité commande d'oublier ce qu'était devenu son interlocuteur Jean Douchet, un brin plus replet.


Il m'a semblé amusant de terminer sur cette image de Pi, déformée dans la hauteur, telle qu'on peut (ou pouvait) la voir sur YouTube.

Je rappelle que je m'intéresse ici au contenu de Pi.

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