lundi 26 novembre 2007

à tire d'Elle

Mon dernier billet commencé le 10/10 n'a été mis en ligne que le 24/11, parce que ce billet m'a conduit à de multiples rebondissements relatés sur mon site.
Le foisonnement de ces rebondissements et la complexité de certains d'entre eux rendent ces pages assez ardues à lire, aussi j'ai décidé d'en résumer quelques points ici.

Un mois après, je suis toujours ébahi d'avoir découvert à 15 jours de distance les clés de deux best-sellers parus 10 ans plus tôt, en 1997. Je ne prétends aucunement être le premier à avoir vu ces clefs, mais je n'en ai trouvé aucun écho sur la toile.
Le 8 octobre, je me suis donc aperçu que les 4 scénaristes de Saga, la série TV imaginée dans le roman homonyme de Tonino Benacquista, Mathilde-Marco-Louis-Jérôme, avaient les mêmes initiales que les 4 évangélistes, Matthieu-Marc-Luc-Jean, et que cette lecture éclairait de nombreux points du roman.
Le 23 octobre, désireux de lire du Bernard Werber, je n'ai trouvé en rayons à ma bibliothèque que La Révolution des fourmis, déjà lu peu après sa parution, mais sa relecture m'a révélé une extraordinaire architecture. Une caractéristique de l'écriture de Werber est l'entrelacement de plusieurs récits, en courts chapitres ou sections, ici 3 (les histoires de Julie, Maximilien, 103 683e) plus les sections encyclopédiques. Il arrive que les récits se croisent, mais le passage d'une section à l'autre n'est jamais totalement abrupt, le passage s'opérant par une situation ou une expression identique. L'à-propos de ce lien est souvent gratuit sinon contestable, mais La Révolution offre un autre type d'échos, circulaire précisément, sa première section s'intitulant 1-Fin et sa dernière 245-Début; puis les noms des paires de sections symétriques 2-244, 3-243, 4-242, etc., sont identiques... Le plus excitant est que cette règle de symétrie, pourtant constante tout au long du livre, admet diverses modalités comme de nombreuses exceptions, ce qui m'a conduit à y chercher du sens...
...et à en trouver, au-delà de mes espérances. Ainsi je vis les deux parties centrales du livre, totalisant 62 et 71 sections, correspondre aux valeurs numériques des prénom et nom de l'auteur, selon l'équivalence ordinale a=1, b=2, etc., justement donnée dans une section du roman. Et puis ma marotte le nombre d'or, également évoqué dans plusieurs sections, semblait structurer les différentes parties..., et..., mais je détaille mes trouvailles dans le texte Rewerberations.

Je me suis aperçu après coup d'un autre point commun entre Saga et La Révolution des fourmis que l'année de parution. Saga a obtenu en 1998 le Grand Prix des lectrices de Elle, que Werber avait obtenu en 1993 pour le second volet de la trilogie des Fourmis. Je lis également une structure palindrome, d'un autre type, dans ce Jour des fourmis, par les nombres de sections de ses 6 parties, et encore un autre type de palindrome pour l'ensemble des 3 volets de la trilogie, en 4-6-4 parties, et je m'amuse que ce prix ELLE, nom palindrome, ait échu au volet médian de la trilogie...

J'ai expliqué ici que c'est vraisemblablement l'immatriculation d'un véhicule allemand, en MA-RK, croisé pendant la lecture de Saga, qui m'a permis d'homologuer les 4 scénaristes aux 4 évangélistes.
Une autre coïncidence m'a fourni le moyen d'interpréter le nom de l'héroïne principale de Werber, la fourmi 103 683e. Evoquant le nombre d'or, je l'ai donné avec ses 6 premières décimales, soit 1,618033, occasion de m'apercevoir que ces 6 décimales 61 80 33 correspondent aux 6 chiffres 103 683, et qu'il était facile de passer de l'un à l'autre comme l'illustre le dessin ci-contre.

Le 3 novembre à Porquerolles, j'ai rencontré Bernard Werber qui a écouté avec intérêt et amabilité quelques-unes de mes supputations sur son oeuvre, mais qui a réfuté l'intentionnalité de la plupart de mes hypothèses. Bien entendu la structure palindrome n'est pas remise en cause, mais il ne semble pas devoir chercher beaucoup plus loin.

Je commence à avoir une certaine expérience des dénégations des auteurs confrontés à mes analyses de leurs oeuvres, et je les classe en deux catégories:

  • ce qui peut s'expliquer par des processus inconscients, par exemple le cas de la fourmi 103 683e, puisque Bernard connaît fort bien le nombre d'or, du moins ses 6 premières décimales, données dans La Révolution des fourmis (et la 7e, mais avec une erreur !)

  • ce qui ne peut pas, et pourrait donc concerner l'Ultime Secret, pour reprendre un titre de Werber, lorsque les coïncidences sont significatives.

Ainsi Bernard m'a certifié qu'il ignorait une curiosité de la Bible hébraïque à l'origine de développements théurgiques: 3 versets consécutifs de l'Exode ont chacun 72 lettres, et de ces 216 lettres la Kabbale a tiré 72 mots codés de 3 lettres, ensuite complétés par des suffixes théophores pour former 72 noms d'anges, tous en 5 lettres. A ces curiosités de départ s'ajoutent plusieurs coïncidences convergentes, détaillées ici:

  • Le premier texte donnant le code de 216 lettres est le Zohar, à la page 216 de l'édition qui sert de référence.

  • Werber énumère 26 des 72 anges dans ses Thanatonautes, et il le fait à la section 216.


  • Cette section 216 débute page 360 de l'édition Livre de Poche du roman (les noms hébraïques des 72 anges issus des 216 lettres comptent en tout 360 lettres).

    • Parce que je n'imaginais pas que le second point ait pu être fortuit, je n'avais pas songé à rapprocher le fait d'une expérience partagée avec mon ami Jean-Pierre Le Goff, évoquée dans un billet récent: le 26 novembre 2002, il est allé à Thoard, près de chez moi, pour y calligraphier sur un rouleau de papier une suite logique de 26 opérations sur le nombre 216, dont voici deux exemples, de sa main:

      On pourra se reporter ici pour apprendre la logique sous-tendant ces opérations.

      Plus je lis Werber, plus j'y vois d'échos avec les préoccupations de Le Goff, qui sont pourtant très variées. Ici sont en jeu les motifs tapis dans les suites de chiffres, présentement des circularités, vues aussi chez Werber avec la circularité des décimales 142 857 des divisions par 7, par exemple. Le Goff joue également avec les permutations circulaires de mots, comme le T-REFLE devenant REFLE-T, ou la CART-E devenant E-CART, or c'est précisement ce jeu TREFLE-REFLET qui a motivé (avec "carreau") les dénominations des 4 parties de La Révolution des fourmis, par les 4 couleurs des cartes, homologuées aux saisons, autre circularité, autre révolution...

      J'aboutis enfin où je voulais en venir, ce qui a été bien plus long que je l'imaginais au départ, avec ce véhicule à l'immatriculation décisive, MA-RK, croisé le surlendemain du jour où j'ai vu Pi, film où l'obsédant nombre 216 m'a poussé à approfondir la bizarrerie rencontrée jadis dans les Thanatonautes, et les 26 anges de la section 216 m'ont mené aux 26 opérations sur 216, à Thoard; c'est le lendemain de cette intervention que j'ai ramené Le Goff au train, en lui parlant du nombre d'or dans un poème de Perec, et c'est alors qu'il m'a signalé un panneau NOMBRE D'OR sur le bord de la route. Nous apprîmes ensuite qu'il s'agissait du nom d'une maison d'abord appelée Ayguelune, or le poème de Perec était composé pour le mariage de son amie Kmar, qui signifie "lune" en arabe, et K-MAR se permute circulairement en MAR-K.

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