mardi 26 mai 2009

21:13

Qu'il soit bien admis que je suis dingue des nombres, ce qui me conduit à des comportements probablement inhabituels, qu'il va falloir suivre quelques instants avant d'aborder une curiosité exceptionnelle, la matérialisation dans le paysage des chiffres que j'avais en tête...C'est ainsi que le 19 avril dernier, les événements relatés ici m'ont conduit à me rappeler que j'avais il y a quelques années acheté les numéros 13-21-34 de Planète, alors que seul le 34 m'intéressait a priori, parce qu'il s'agit de nombres de Fibonacci, et que je n'avais pu me résoudre à ne pas exploiter la coïncidence de trouver ces 3 numéros parmi un échantillonnage restreint de la revue.
Cette remémoration m'amena à repenser à d'autres occurrences du motif 21-13, et à envisager d'y consacrer une étude. Je pensais notamment à reproduire la table des matières de
THE GREEK COFFIN MYSTERY
BY ELLERY QUEEN
dont les titres des 21 et 13 chapitres des deux parties épellent en acrostiche le titre du roman et le nom de son auteur. C'est d'autant plus remarquable que ce roman de 1932 tourne autour d'un tableau retrouvé de Léonard de Vinci, un autre Léonard volontiers associé au nombre d'or (Fibonacci s'appelle aussi Léonard de Pise). Ce tableau est dit d'environ 6 pieds sur 4, ce qui n'est pas incompatible avec un rectangle d'or (6.2 sur 3.8 par exemple).
Je suis membre de la liste Oulipo (ouverte à tous) qui propose chaque année des exercices oulipiens à partir d'un texte donné. Je n'étais guère inspiré par le texte de Perec choisi cette année, jusqu'à ce que je m'avise le 30 avril que la gématrie de ce texte était 4226, soit le double de 2113. J'en ai alors proposé une anagramme, conservant la même fascinante valeur (pour moi du moins).

Deux jours plus tard, le 2 mai, je suis allé faire une balade passant par la chapelle Saint-Etienne, construite sur un éperon rocheux dans la montagne voisine, dans ce même massif s'étendant de Mézel jusqu'au Verdon où j'ai fait les balades décrites dans les billets précédents.

J'avais avec moi un livre, retrouvé depuis peu dans mon fouillis, Le marteau de verre, de KW Jeter, collection Présence du futur. J'ai ce roman depuis sa parution en 1986, m'intéressant à cet ami de PK Dick dont j'ai cependant du mal à lire les romans de SF; je n'ai jusqu'ici pu achever aucun des trois en ma possession, alors que j'ai apprécié ses romans fantastiques. L'importance du marteau dans mes recherches jungiennes avait réactualisé ce titre, mais j'avais à nouveau eu du mal à m'y plonger lors de sa redécouverte 15 jours plus tôt, et je comptais sur cette balade pour forcer ma concentration, loin de toutes les distractions qui m'assaillent à la maison.
Peine perdue, j'ai du mal à compatir aux états d'âmes des androïdes, et je feuillette le livre dans l'espoir d'y déceler le moindre mot ou signe accrocheur...
Ma folie numérique me porte à accorder de l'attention aux numéros des livres dans la collection, à l'achevé d'imprimer, aux numéros d'éditeur, d'imprimeur... mais je ne suis pas dingue au point de m'intéresser au code-barres ISBN...
...sauf cas spéciaux. Ainsi mes recherches sur Fred Vargas m'ont conduit à relire plusieurs romans de Paul Halter, ce qui a conduit au billet Paul & Fred du 5 mai. Lors de ces relectures, j'ai remarqué le 1er mai une curiosité sur la 4e de couverture de Meurtre dans un manoir anglais, où une étiquette avec un code-barres ISBN a été collée par-dessus un autre code. J'ai remarqué que ce code se terminait par 8351, et je suis fasciné par ces chiffres, plutôt sous leur forme 51-83, voir ici.
J'ai scanné la couverture avant de décoller l'étiquette, pour découvrir dessous le même code ISBN, mais dans un format un peu plus petit.

Le lendemain, 2 mai, je suis donc en train de monter un joli chemin serpentant dans la forêt lorsque, épluchant Le marteau de verre, je vois les derniers chiffres de son code ISBN, 4327.
27 et 43 sont, comme 51 et 83, des nombres en rapport d'or, et ils ont également un statut particulier car ce sont les deux premières mesures utilisables de la Série Rouge du Modulor (en cm). Détail amusant, la Série Bleue double les mesures de la Série Rouge, et 54 et 86 (doubles de 27 et 43) correspondent aux dimensions en mm de la Carte Bleue, précisément (mais je n'ai vu nulle part mention d'une intention effective ni des dimensions, ni de l'appellation).
Me voici donc avec un 43-27 au lendemain du 83-51, et, comme chaque fois que je rencontre des couples dorés dans des conditions similaires, je joue avec, les additionnant notamment, pour obtenir 126-78, soit, multiplié par 6, le couple 21-13 qui me préoccupait ces derniers jours.
Sur ces entrefaites, j'arrive au point où le chemin se subdivise en deux branches. J'ai fait des dizaines de fois cette superbe balade et, quasiment à chaque fois, je vais vers la chapelle St-Etienne, parce qu'une fois là-bas plusieurs alternatives sont offertes, selon l'humeur et les jambes.
Aujourd'hui, exceptionnellement, je décide de prendre le chemin des Chandres, et je serais bien en peine d'expliquer pourquoi.
10 minutes plus tard, l'esprit toujours accaparé par les 83-51, 43-27, 21-13 et autres, mes yeux se posent sur cet arbre :
L'une des possibilités, arrivé à la chapelle St-Etienne, est de faire une boucle permettant de revenir par ce chemin des Chandres, mais ainsi on ne pourrait voir ce panneau qu'en se retournant.
J'y lis 21:13, avec le premier 1 presque effacé mais néanmoins lisible, les deux points étant les têtes rouillées des clous fixant le panneau. Le 3 semble superposé par-dessus un 8, et, moins visiblement sur la photo, le second 1 superposé par-dessus un 2.
Après un premier temps d'effarement je me dis qu'il doit s'agir d'un panneau de l'ONF, délimitant une zone de coupe, mais ordinairement ces panneaux sont manufacturés, et les numéros de parcelles ont 3 chiffres.
De fait, je ne tarde pas à atteindre la limite de la parcelle, avec ce panneau manufacturé 213, tandis que commence ensuite la zone 214.

Tout ceci ne m'a pas aidé à avancer dans la lecture du Marteau de verre pendant cette balade.

J'ai anagrammatisé le nom de son auteur, KW JETER, dès que je l'ai connu il y a quelque 25 ans, en KTR JEWE, translitération des mots hébreux Kether, "couronne", la première sefira (ou émanation divine), et du Tétragramme, le nom divin si sacré qu'il est interdit de le prononcer. Les valeurs numériques de ces mots, 620 et 26, peuvent être lues comme un palindrome (surtout en adoptant l'écriture 026). Des lectures récentes ont réactualisé cette propriété.
Lors de la crise qui m'a conduit à étudier la Bible et l'hébreu, en juillet 85, j'ai été conduit à imaginer le motif numérique 1-2-3-1, que j'ai concaténé en un nombre, 1231, dont j'ai étudié différentes permutations, notamment 1321 et 2113, nombres premiers comme 1231. Cette recherche m'a amené à découvrir la valeur numérique 1231 pour différentes expressions:
- "vingt-six" en hébreu
- "les dix paroles", désignation biblique du texte des 10 commandements, qui totalise en hébreu 620 lettres.
- "la couronne de la Thora", kether thora, autre désignation de ce texte, à cause de ses 620 lettres.

Saint Etienne est originellement un stephanos, "couronné" en grec.
Sur le chemin de la chapelle, il s'est produit un léger affaissement de terrain, circonscrit à une petite zone circulaire, ce qui a conduit les arbres du pourtour de ce cercle à de curieuses inclinations, ainsi on pourrait voir ici un chrisme.

Fin avril, le motif 21-13 et son exemple The Greek Coffin Mystery m'ont rappelé une curiosité. Le roman a connu plusieurs traductions en français, avec des coupes rendant parfois l'intrigue inintelligible. Il s'agit du 4e Ellery Queen, mais sa parution dans l'intégrale J'ai Lu a été tardive, ce qui fait que Deux morts dans un cercueil, son titre français, est le J'ai Lu n° 2449, tandis que le 5e Queen, Le mystère égyptien, originellement paru également en 1932, porte le n° 1514 de la même collection.
Les dingues de mon espèce remarquent que 1514 est la section d'or arrondie de 2449:
2449 x 0.618034 = 1513.565..., à arrondir donc à 1514.
Je n'espère guère pouvoir faire partager les petits jeux qui m'ont fait étudier aussi le couple 2449-1513, ni l'étrange propriété découverte en le confrontant au couple 2449-1514, aussi j'enchaîne sur la suite, dont le début se passe à peu près au même moment, lors de l'écriture du billet Paul & Fred du 5 mai. Mes recherches m'ont rappelé l'existence d'un pastiche d'Ellery Queen, dû à Thomas Narcejac, et sa relecture m'a mené aux passionnantes considérations développées dans le billet.
Le recueil de pastiches, Usurpation d'identité, était resté sorti, et j'en ai relu de ci de là quelques nouvelles, notamment le 13 mai Le crime du fantôme, pastiche des enquêtes du père Brown dont je ne suis pas fanatique.
Mais Chesterton revu par Narcejac, c'est autre chose, et je suis ébahi en trouvant le nombre d'or jouer un rôle dans cette nouvelle, où l'assassin a pris en compte les obsessions mystiques d'un groupe de spirites qui se réunissent au centre d'une salle
dont les dimensions correspondaient au nombre d'or.
Cette nouvelle écrite en 1945 est donc le premier texte à ma connaissance faisant intervenir le nombre d'or dans un plan criminel (je donne ici une autre nouvelle publiée confidentiellement en 1987 par Alain Calame, et je rappelle qu'il est question du nombre d'or dans Les soeurs Lacroix, écrit en 1937 par Simenon).
Je hoquette d'incrédulité en m'apercevant que mon exemplaire d'Usurpation d'identité est le J'ai Lu n° 1513, le nombre auquel je me suis intéressé théoriquement dans mon étude du couple des Queen 4-5, les J'ai Lu 1514-2449, ainsi il est question du nombre d'or dans ce numéro en rapport d'or avec l'édition française de The Greek Coffin Mystery, en 21-13 chapitres (je donne ici le premier feuillet de la table des matières originale).

Je remets à plus tard les développements qui ne manqueront pas de découler de ce cas, conjoignant mes deux principales dilections numériques, le nombre d'or et la quaternité.

Deux petites choses encore. Reprenant le Paul Halter au numéro ISBN se terminant par 8351, je remarque que son numéro d'éditeur est 2743D-5, alors que le numéro ISBN du KW Jeter se termine par 4327.
Quel est son numéro d'éditeur ? 2414 tout court. C'est un nombre qui me renvoie illico à mes recherches bachiennes, sur le Clavier Bien Tempéré notamment, où les seuls ensembles Prélude-Fugue en rapport doré sont 14, 24, et 38, de telle miraculeuse façon que l'ensemble Prélude-Fugue moyen a exactement 100 mesures, réparties en 38 pour le Prélude et 62 pour la Fugue; 38-62-100 représente le prolongement de la suite additive 14-24-38 esquissée par les rangs de ces ensembles.
J'avais déjà pensé à Bach en triturant les couples 83-51 et 43-27, dont les sommes donnent le 126-78 vu plus haut, et les différences 40-24, nombres de mesures des Fugue et Prélude n° 14.

Le numéro identificateur de ce billet (postID) est 8351715887751981950, débutant donc par 8351, ce qu'on peut vérifier en pointant sur le champ "enregistrer un commentaire" ci-dessous. Ce n'est ni délibéré ni tout à fait accidentel, car depuis le petit prodige découvert après l'écriture du billet aix-ode, qui débutait par une photo de tournesol et dont j'ai découvert ensuite l'ID débutant par 3455, alors que 34 et 55 sont les nombres de Fibonacci gouvernant la structure d'une fleur de tournesol type, depuis cela donc je fais plusieurs essais pour chaque billet que j'envisage de publier, jusqu'à 5 ou 6, pour donner "plus de chance" au hasard de s'exprimer.
Je n'ai pas la possibilité de faire plus de 5 ou 6 tentatives, car j'accorde plus d'importance à la minute où je commence le billet, que je peux maîtriser totalement. Ainsi j'ai décidé d'écrire ce billet après la coïncidence éditoriale du 25 mai, comptant y inclure le récit de cette balade, que j'ai donc commencé à 21:13, et j'ai donc choisi parmi mes 5 tentatives celle débutant par 8351.
Toutefois les développements divers ont proliféré, et j'ai scindé en 3 parties ce que je comptais originellement inclure en un seul billet; les deux autres parties constituent les billets précédents, utilisant 2 autres des 5 ID créés à ce temps 21:13.

Note du 12 juillet : voir la dernière note du billet précédent, où je me suis rappelé ma présence parmi les 21 contributeurs de la BLO 13, imprimée le 21 mai et remise à son destinataire le 22.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ma foi en le hasard , sans faire la part des choses ,
discerne au fil d'une prose , des liens pour la mémoire ,
ainsi être sur le quart , revient à suivre la rose ,
tu le fait je suppose , en martelant l'histoire.
~
NéO~