Il est plutôt nécessaire d'avoir lu le billet précédent avant d'aborder celui-ci, qui en prolonge quelques points et aborde ensuite ses oublis.
Je dois aborder d'emblée un point extrêmement complexe, dont la suite dépend quelque peu. Il a été vu que Perec comme l'auteur du Grand Parchemin ont utilisé la polygraphie du cavalier, en prenant pour point d'origine la case 6,6 selon leurs notations respectives.
Perec a gardé le secret sur les motifs qui l'avaient fait débuter par cette case 6,6, à laquelle un domino double-six sur un porte-clé fait allusion; de semblables jalons apparaissent dans chaque chapitre, permettant de baliser la progression du cavalier dans l'immeuble découpé verticalement en 10 niveaux (avec curieusement une notation inversée, de 1 pour le dernier étage à 10, noté 0, pour les caves), et horizontalement en 10 lieux (essentiellement des pièces, mais aussi des paliers, par exemple).
10 x 10 = 100, mais Perec a choisi de perturber son système en oubliant une case dans le parcours du cavalier, celle correspondant au coin inférieur gauche de l'immeuble. Il se trouve que ses coordonnées sont 0,1 et qu'il s'agit de la 66e position du cavalier, ainsi ces deux cases correspondant à des choix sont donc le chapitre 1 de coordonnée(s) 66 et le chapitre 66 de coordonnée 1.
Si les solutions de la polygraphie du cavalier sont connues pour un échiquier normal, Perec a dû trouver lui-même une solution pour un échiquier de 10 x 10 :
Peut-être fait-il aussi partie du miracle d'avoir eu ce coin 0,1 en position 66, à partir d'un départ en 6,6, et est-ce la décision du second choix de Perec pour "l'erreur dans le système", principe de base oulipien, quoi qu'il en soit il résulte de ces choix que ces trois chapitres spéciaux, premier, dernier et inexistant, correspondent à 3 des 4 sommets d'un rectangle dans le carré de l'immeuble; j'en ai matérialisé deux côtés par deux lignes rouges continues ci-dessus, les deux autres par des lignes discontinues, reliant l'autre coin, de coordonnées 0,6.
Il se passe quelque chose de curieusement similaire pour le Grand Parchemin, où il y a aussi des "erreurs dans le système". Je rappelle que son décryptage passe par 4 étapes :
- extraction des 128 lettres du code, en deux séries de 64 encadrant la formule en clair AD GENESARETH; ces lettres sont insérées régulièrement toutes les 6 lettres dans une recension latine de Jean 12,1-11, parfois quelque peu malmenée;.
- application successive de deux clés de Vigenère, l'une de 128 lettres correspondant à l'épitaphe de la stèle + PS PRAECUM, l'autre de 8 lettres, MORTEPEE, les lettres bizarres de la stèle;
- disposition des deux séries de 64 lettres sur deux échiquiers, et lecture selon la polygraphie du cavalier, en l'occurrence le premier parcours fermé découvert par Euler; la case de départ du premier échiquier est 6,6, le parcours du second échiquier est le reflet du premier (miré dans le lac de Génésareth ?), débutant donc en 3,6.
Dans son analyse détaillée de l'élaboration du "parchemin", Mariano Tomatis note de nombreuses erreurs dans la recopie du texte latin original, certaines omissions pouvant être volontaires, pour parvenir à un total de 846 lettres apte à recevoir les 140 lettres additionnelles. Plus curieusement, il y a trois erreurs dans les lettres du code, difficilement imputables à des confusions puisque ce sont les lettres OHX qui ont remplacé les lettres EFT, pas vraiment ressemblantes, surtout dans l'onciale employée pour le parchemin. Dans les décodages proposés par Cherisey dans Circuit comme dans Pierre et Papier, les erreurs sont présentes, mais conduisent sans explication à la fameuse formule :
BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J’ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES
alors que le déchiffrage réel du code mènerait à
BERGETE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF SAX DCLXHXI PAR LA CROIX (...)
qui n'est plus l'anagramme de l'épitaphe. Le décryptage habituel ne repose donc sur aucun document connu, vrai ou faux.
Philippe Duquesnois a vu que les "erreurs dans le système" ne semblaient pas quelconques. Les deux premières erreurs sont consécutives, et encadrent le premier mot de 6 lettres du texte source réalisant cette possibilité.
Avec un petit coup de pouce du copiste, qui a une fois inséré une lettre de code après un saut de 7 lettres, au lieu de 6, dans le texte source de Jean 12. Ce mot MARTHA est souligné ci-dessus en rouge sur la ligne du bas correspondant à la source, les lettres additionnelles du parchemin OH (au lieu de EF) sont soulignées en bleu sur la ligne du dessus, la ligne intermédiaire étant sa transcription (empruntée à l'étude de Mariano).
Il n'existe ensuite qu'un seul autre mot de 6 lettres avant lequel est insérée une lettre, au prix d'une légère modification du texte source, dont un mot de deux lettres a été omis. La 62e lettre insérée, X (au lieu de T) vient juste avant le mot de 6 lettres VENIIT, mais ici le copiste a rassemblé les deux I de ce mot en un seul glyphe, si bien qu'il vient une autre lettre du texte source, T, avant la lettre du code suivante, G, correcte.
Ainsi les erreurs bornent les seuls mots de 6 lettres du texte actualisant une rare possibilité, avec une curieuse circonstance, le second mot de 6 lettres n'en est plus un de par l'intervention du copiste... Le premier cas, donnant deux lettres sur une rangée du premier carré (ici XR après les prétendus décodages Vigenère, alors qu'on devrait avoir HT), peut désigner cette rangée 6, et l'autre lettre, isolée (P au lieu de S), indiquerait alors l'autre coordonnée, la colonne 6, et donc une seule case, la 6,6 point de départ du cavalier.
Cette équerre s'inscrit dans un rectangle de 6x5 cases, comme l'équerre dessinée par les chapitres spéciaux de VME, correspondant aux cases 6,6-0,1-6,1 (ci-contre dans une version simplifiée au seul parcours du cavalier) . Dans le Parchemin nous avons, toujours dans l'ordre de la polygraphie, les cases 6,6-6,3-1,6-(6,2).
Si Perec usait du qualificatif "miraculeux", que dire ici où, à partir d'un texte découpé en tranches de 6 lettres, deux mots de 6 lettres permettent presque naturellement de pointer la case 6,6 ? Presque, puisque la manipulation sur VENIIT en fait en cours de route un mot de 5 lettres, alors qu'une 4e lettre fausse aurait interdit cette désignation.
Il semble impossible de favoriser une hypothèse, tant le hasard semble avoir aidé les concepteurs. Comme j'avais avancé dans le dernier billet que la Chevalerie de Sion avait pu suggérer le parcours du cavalier, et comme nous sommes en présence d'amateurs de calembours, je serais tenté par celui-ci :
VI (6) génère Vigenère.
Ni Plantard ni Cherisey ne semblent avoir fait de commentaires poussés sur le Six, pourtant présent par le Sceau de Salomon couvrant l'Hexagone en couverture de Circuit. Des choses fort curieuses apparaissent par ailleurs dans diverses spéculations de Plantard, qui notamment attribue la polygraphie du cavalier à Vigenère. Selon Chaumeil dans Le Testament du Prieuré de Sion, Plantard aurait donné le 6 juin 1964 une conférence à RLC sur la Polygraphie du Cavalier, en utilisant une variante immédiate du parcours fermé d'Euler. Si c'est invérifiable, on remarque la date, 6/6 comme la case 6,6, et l'année 64 comme le nombre de cases.
Plus assuré est un article en 1989 traitant du symbolisme des échecs dans Vaincre, publication du Prieuré de Sion, attribué à un certain Frère Norberto. Son discours fumeux ressemble à s'y méprendre à du Plantard, et à ce pseudo correspond un saint fêté le 6 juin, encore le 6/6...
L'article est disponible ici, grâce à Mariano Tomatis. Il s'achève sur l'analyse de l'inscription au-dessus du bénitier de l'église de RLC, portée par un diable :
PAR CE SIGNE TU LE VAINCRAS
La formule commence et s'achève sur les lettres PS, et le LE inhabituel porte ses lettres à 22, nombre des arcanes du tarot (dixit Norberto). Le pavage en échiquier de l'église symboliserait le chemin spirituel de l'Initié du Prieuré de Sion, qui doit le parcourir en 3 groupes de 21 sauts du cavalier, de 1 à 22, de 22 à 43, de 43 à 64. Il peut ensuite revenir au 1, mais avec le choix entre les équerres passant par le 14, la Tempérance et le E de LE, ou le 15, le Diable et le V de VAINCRAS...
De ce fatras il peut venir que la case 6,6 selon la notation moderne de l'échiquier est aussi la 22e lettre du code, et que le Diable est concerné au premier chef.
Perec a déclaré dans l'entretien Ce qui stimule ma racontouze que l'écart du chapitre 66 avait quelque chose à voir avec le Diable, qui devait apparaître dans ce chapitre. Selon lui toujours, il serait bien connu que 6 est le nombre du Diable.
Les perecologues accueillent ces propos avec scepticisme : aucune contrainte du Cahier des Charges ne concerne le Diable. De fait il est question au chapitre 65 d'une femme qui sait faire apparaître le Diable à ceux qui peuvent y mettre le prix; c'est son amant qui joue le rôle, lequel recevra au pénitencier le matricule 1 758 064 176
Bien avant de m'intéresser au Grand Parchemin, j'avais développé diverses remarques sur VME, notamment sur mon site. J'avais ainsi vu Perec en père C, avec une allusion aux 6 protons et 6 neutrons de l'élément C (carbone), et une autre à Persée, sans avoir alors songé au cheval Pégase, modèle de l'adepte de Sion selon Norberto :
J'avais encore été frappé par certains thèmes récurrents dans VME, ne semblant pas relever des contraintes avouées, celui très net déjà évoqué du cheval, mais aussi par deux autres thèmes plus rares, et deux seulement, le Diable et la décapitation. Je crois ne l'avoir mentionné que sur la liste Perec, pour susciter d'éventuels rebonds, sans succès. Il se trouve que l'un des cas "Diable" concerne le chapitre 74, de coordonnées 0,6, celui qui complèterait le rectangle formé par le chapitre manquant et les premier et dernier chapitres. Une de ses curiosités est qu'il ne semble pas résoudre une contrainte que Perec s'est particulièrement attaché à respecter, la mention des coordonnées du lieu, sous la forme 6 ou 06.
Je me suis demandé s'il ne fallait pas la trouver dans les 6 phrases du chapitre, présentant une particularité : les 5 premières phrases sont plutôt normales, quoique sensiblement plus développées qu'un SMS, mais la 6e phrase est hors normes, s'étendant sur trois pages et 6 alinéas, à coup sûr la plus longue de VME, sinon de la littérature respectueuse d'un certain classicisme.
Dans ce chapitre 74 le narrateur Valène imagine des royaumes entiers sous l'immeuble du 11 rue Simon-Crubellier, descendant de plus en plus bas jusqu'au 6e alinéa de la 6e phrase qui semble bien décrire les Enfers :
Il est frappant que les trois chapitres existants formant les coins du rectangle (0,1)-(6,6) concernent les 3 protagonistes essentiels de l'histoire centrale de VME, Winckler, Valène et Bartlebooth.
J'espère développer bientôt sur mon site ce rapprochement entre les polygraphies VME et RLC, et je vais tenter de revenir à plus simple.
Enfin simple si on veut, car Perec a ajouté une couche de complexité à VME avec Un cabinet d'amateur, court roman où il a imaginé une histoire de faux tableaux, chacun issu d'un chapitre de VME. Il est probable que bien des subtilités concoctées par Perec seraient restées ignorées, sans la publication de ses travaux préparatoires.
Ainsi le tableau correspondant au chapitre 65 représente-t-il le Diable, et Perec a noté dans ses brouillons "Chapitre manquant", ce qui semble confirmer qu'il y avait bien pour lui une relation entre ce chapitre non écrit et le Diable. Bien que VME possède un chapitre 66, correspondant à la 67e position du cavalier, c'est dans le chapitre 65 que Perec a placé des allusions au chapitre omis, ce qui pourrait indiquer que ce n'était pas le nombre 66 en lui-même qui avait convoqué le Diable.
L'un des tableaux les plus riches en allusions est Les Ensorcelés du lac Ontario, correspondant au chapitre 3 décrivant la secte des Trois Hommes Libres, rappelant quelque peu le Prieuré de Sion. La secte d'origine japonaise est devenue ici américaine, fondée en mai 1891 par un employé de la Western Union, un tueur de boeufs et un agent d'assurances maritimes. Pourchassés, les sectaires préfèrèrent se jeter dans le lac que se rendre, dans la nuit du 13 au 14 novembre 1891.
C'est une curiosité de trouver l'année 1891, à partir de laquelle aurait débuté l'affaire RLC, avec le pilier Mission 1891 érigé quelques années plus tard par l'abbé Saunière. La date apparaît à une autre occasion dans Un cabinet d'amateur, à propos d'un tableau perdu de Poussin qui aurait été retrouvé cette année-là (dans la remise d'un loueur de fiacres berlinois !), or, selon la belle histoire du Trésor maudit, le Et in Arcadia ego de Poussin aurait été un indice essentiel pour Saunière.
On sait que Saunière a vandalisé un "pilier wisigoth" pour honorer cette date, le pilier original étant aujourd'hui conservé au musée de RLC, rétabli dans son orientation première si bien que l'inscription de Saunière est devenue 1681 NOISSIW... La date 1681 apparaît pour le tableau correspondant au chapitre 42, de coordonnées 6,7 correspondant à l'autre palier du 3e étage, à côté du 6,6 du chapitre 1. Le tableau mentionné juste avant est Les cavaliers arabes, de Delacroix, correspondant au chapitre 2, au premier mouvement du cavalier donc... Selon la belle histoire RLC, la croix du message "Par la croix et ce cheval de Dieu" désignerait Delacroix, et son Héliodore chassé du temple à St-Sulpice (cité par Plantard et Cherisey).
Quel est le tableau correspondant au chapitre 1 ? Une Visitation, attribuée à Andrea Solario, et les notes personnelles de Perec montrent qu'il a joué avec la "visite" par une agente immobilière de l'appartement du défunt Gaspard Winckler (grâce à la clé portée par un domino double-six). Ce jeu pourrait être gratuit et sans rapport avec ses intentions en écrivant VME, mais la visite de l'agente se passe comme tous les chapitres de VME le soir du 23 juin 1975, alors que la nuit de la Saint-Jean va bientôt tomber : la Visitation, c'est la visite de la Vierge Marie (appelée Fille de Sion) à Elizabeth, enceinte de Jean-Baptiste.
Ainsi les 3 premiers chapitres de VME sont transformés en une "Visite à Sion" (6,6) menant, via des Cavaliers de Delacroix (7,8), aux 78 Ensorcelés du Lac Ontario (6,0), ressemblant fort aux Initiés de Sion... Le cavalier arabe, présent dans le chapitre de VME par un emprunt à Borges, pourrait faire allusion à l'écriture arabe, inversée par rapport à la nôtre : Perec restitue probablement dans VME le rebours d'un parcours du cavalier conçu à partir du chapitre final, de même que Plantard-Norberto a inversé le parcours original d'Euler.
Les Ensorcelés du lac Ontario est un titre emprunté à Roussel (Impressions d'Afrique), bien que les contraintes liées à Roussel ne concernent pas le chapitre 3. Curieusement le sujet du tableau établit un lien inédit avec le chapitre 87, où abondent des allusions hors programme à Roussel, notamment un tableau de L.N. Montalescot, tiré des personnages Louise et Norbert Montalescot d'Impressions d'Afrique. Il y a donc un Norbert (fêté le 6/6) caché dans cette première pièce de l'appartement de Bartlebooth (6,7), contiguë au palier (6,6) où débute VME.
Je ne me sens guère à l'aise pour explorer plus avant Un cabinet d'amateur, étant quasi ignare en matière de peinture. Je vais cependant dire quelques mots du tableau correspondant au chapitre 89, point de départ du dernier billet avec sa Célestine Durand-Taillefer à Liège. En commençant ce billet, j'avais l'intention d'y insister sur la date de la mort de Cherisey, le 17 juillet 1985, remarquable pour ce fanatique du méridien zéro, car son ami Plantard assimilait l'axe 17 janvier-17 juillet dans le cercle de l'année à ce méridien.
Je choisis souvent les dates de publication de mes billets, ainsi que leurs heures, en fonction de leur contenu. Le 17 revenant doublement dans la vie d'Alexis, le saint du 17 juillet, j'ai commencé mon message le 17/6, ce que j'ai voulu surdéterminer par l'heure, 17:06, mais j'avais oublié que je postais sur Blogruz, basé sur le méridien de la Californie, avec 9 heures de décalage, si bien que l'heure indiquée à la fin du billet est 08:06.
L'écriture du billet m'a mené à tant de développements que j'ai omis cette mention, et voici qu'après avoir fini le billet j'ai songé au Cabinet d'amateur, et découvert que Perec avait retenu un infime détail de ce chapitre pour imaginer le tableau L'arrivée de Charles Wilkes à San Francisco le 17 juin 1842. Un 17 juin ! et en Californie !
Les nouvelles perspectives offertes étaient si riches que je me suis senti obligé d'en rendre compte ici, au matin du 24 juin. Songeant à une date propice pour un nouveau billet, j'ai regretté que le 23 juin soit passé, la date de VME, et puis je me suis avisé qu'avec le décalage horaire il était bien possible que la Californie fût toujours au 23/06, et j'ai aussitôt débuté un billet, sans prendre garde à l'heure.
Je me suis aperçu ensuite que l'heure enregistrée était 23:06, qui sera donc l'adresse de publication de ce message du 23/06.
Deux remarques d'une extrême pertinence de dp sur le dernier billet :
1 - Dans Durand-Taillefer, Durand peut faire allusion à Durandal, la plus fameuse des épées françaises. Taillefer peut se découper en fer, autre nom de l'épée (croiser le fer), et en taille, le côté tranchant de l'épée (frappes d'estoc et de taille).
L'épée est un mot clé de l'affaire RLC, avec le code MORTEPEE, et symbolisait pour Cherisey le méridien 0 dans Circuit, dont le chapitre 13, intitulé La MORT (d'après l'arcane 13 du tarot), invite à une promenade le long de la Rose Ligne.
Durandal est actuellement fichée dans le mur d'une église de Rocamadour, soit à une quinzaine de kms de Taillefer-Carennac, le fief du dernier survivant du Prieuré de Sion, Chaumeil, confident de Cherisey.
2 - A propos du fondeur Rondeau de Carennac, précisément, dp remarque que ses dates (1493-1543) sont fort proches de celles de Paracelse, 1493-1541, par ailleurs données dans l'index de VME. Je rappelle que Perec a signé Gargas Parac son What a man !, ainsi Parac-else pourrait être considéré comme un autre (else) Perec, alors que ce passage de VME est analysé par Bertelli comme un obituaire aux Perec disparus.
D'autres faux personnages de VME reçoivent dans l'index des dates évoquant leur source, ainsi LN Montalescot a les mêmes dates que Roussel, 1877-1933.
Le titre de ce billet, le pommadé dévoilé, est une anagramme de La Vie mode d'emploi. Ce "pommadé" pourrait être le Christ, en pensant à l'allemand Salbe, "pommade", Gesalbte, "Christ". Si le Diable se cache entre les pages de VME, pourquoi pas Dieu aussi ? Je me souviens d'une exégèse perecquienne allant dans ce sens.
J'y vois aussi un parallèle avec les mystérieuses pommes bleues du Parchemin. En utilisant la catégorisation particulière de VME, il y a moyen d'affiner le parallèle (je suis daltonien) :
La Vie mode d'emploi - Romans =
A midi, pomme de vallon rose
Note du 15 septembre 10 : mon amie plasticienne Marylin m'a signalé que mon anagramme Le pommadé dévoilé était fausse, un "i" y est devenu un "e" (mais l'anagramme ci-dessus est juste).
C'est finalement plutôt amusant, en pensant aux erreurs du Parchemin.
Marylin m'a fait l'honneur de variations sur ce thème, visible sur son site (qui nécessite Firefox), dont celle-ci :
Je dois aborder d'emblée un point extrêmement complexe, dont la suite dépend quelque peu. Il a été vu que Perec comme l'auteur du Grand Parchemin ont utilisé la polygraphie du cavalier, en prenant pour point d'origine la case 6,6 selon leurs notations respectives.
Perec a gardé le secret sur les motifs qui l'avaient fait débuter par cette case 6,6, à laquelle un domino double-six sur un porte-clé fait allusion; de semblables jalons apparaissent dans chaque chapitre, permettant de baliser la progression du cavalier dans l'immeuble découpé verticalement en 10 niveaux (avec curieusement une notation inversée, de 1 pour le dernier étage à 10, noté 0, pour les caves), et horizontalement en 10 lieux (essentiellement des pièces, mais aussi des paliers, par exemple).
10 x 10 = 100, mais Perec a choisi de perturber son système en oubliant une case dans le parcours du cavalier, celle correspondant au coin inférieur gauche de l'immeuble. Il se trouve que ses coordonnées sont 0,1 et qu'il s'agit de la 66e position du cavalier, ainsi ces deux cases correspondant à des choix sont donc le chapitre 1 de coordonnée(s) 66 et le chapitre 66 de coordonnée 1.
Si les solutions de la polygraphie du cavalier sont connues pour un échiquier normal, Perec a dû trouver lui-même une solution pour un échiquier de 10 x 10 :
J'y suis parvenu par tâtonnements, d'une manière plutôt miraculeuse.Il est probable qu'il ait commencé par la case finale, le chapitre 100 (en fait 99 puisqu'un chapitre n'a pas été écrit) de coordonnées 6,1, le bureau où Bartlebooth meurt, au bout de son appartement. On sait au moins que Perec a trouvé plusieurs parcours, et qu'il a choisi celui permettant de commencer sur le palier de Bartlebooth.
Peut-être fait-il aussi partie du miracle d'avoir eu ce coin 0,1 en position 66, à partir d'un départ en 6,6, et est-ce la décision du second choix de Perec pour "l'erreur dans le système", principe de base oulipien, quoi qu'il en soit il résulte de ces choix que ces trois chapitres spéciaux, premier, dernier et inexistant, correspondent à 3 des 4 sommets d'un rectangle dans le carré de l'immeuble; j'en ai matérialisé deux côtés par deux lignes rouges continues ci-dessus, les deux autres par des lignes discontinues, reliant l'autre coin, de coordonnées 0,6.
Il se passe quelque chose de curieusement similaire pour le Grand Parchemin, où il y a aussi des "erreurs dans le système". Je rappelle que son décryptage passe par 4 étapes :
- extraction des 128 lettres du code, en deux séries de 64 encadrant la formule en clair AD GENESARETH; ces lettres sont insérées régulièrement toutes les 6 lettres dans une recension latine de Jean 12,1-11, parfois quelque peu malmenée;.
- application successive de deux clés de Vigenère, l'une de 128 lettres correspondant à l'épitaphe de la stèle + PS PRAECUM, l'autre de 8 lettres, MORTEPEE, les lettres bizarres de la stèle;
- disposition des deux séries de 64 lettres sur deux échiquiers, et lecture selon la polygraphie du cavalier, en l'occurrence le premier parcours fermé découvert par Euler; la case de départ du premier échiquier est 6,6, le parcours du second échiquier est le reflet du premier (miré dans le lac de Génésareth ?), débutant donc en 3,6.
Dans son analyse détaillée de l'élaboration du "parchemin", Mariano Tomatis note de nombreuses erreurs dans la recopie du texte latin original, certaines omissions pouvant être volontaires, pour parvenir à un total de 846 lettres apte à recevoir les 140 lettres additionnelles. Plus curieusement, il y a trois erreurs dans les lettres du code, difficilement imputables à des confusions puisque ce sont les lettres OHX qui ont remplacé les lettres EFT, pas vraiment ressemblantes, surtout dans l'onciale employée pour le parchemin. Dans les décodages proposés par Cherisey dans Circuit comme dans Pierre et Papier, les erreurs sont présentes, mais conduisent sans explication à la fameuse formule :
BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J’ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES BLEUES
alors que le déchiffrage réel du code mènerait à
BERGETE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF SAX DCLXHXI PAR LA CROIX (...)
qui n'est plus l'anagramme de l'épitaphe. Le décryptage habituel ne repose donc sur aucun document connu, vrai ou faux.
Philippe Duquesnois a vu que les "erreurs dans le système" ne semblaient pas quelconques. Les deux premières erreurs sont consécutives, et encadrent le premier mot de 6 lettres du texte source réalisant cette possibilité.
Avec un petit coup de pouce du copiste, qui a une fois inséré une lettre de code après un saut de 7 lettres, au lieu de 6, dans le texte source de Jean 12. Ce mot MARTHA est souligné ci-dessus en rouge sur la ligne du bas correspondant à la source, les lettres additionnelles du parchemin OH (au lieu de EF) sont soulignées en bleu sur la ligne du dessus, la ligne intermédiaire étant sa transcription (empruntée à l'étude de Mariano).
Il n'existe ensuite qu'un seul autre mot de 6 lettres avant lequel est insérée une lettre, au prix d'une légère modification du texte source, dont un mot de deux lettres a été omis. La 62e lettre insérée, X (au lieu de T) vient juste avant le mot de 6 lettres VENIIT, mais ici le copiste a rassemblé les deux I de ce mot en un seul glyphe, si bien qu'il vient une autre lettre du texte source, T, avant la lettre du code suivante, G, correcte.
Ainsi les erreurs bornent les seuls mots de 6 lettres du texte actualisant une rare possibilité, avec une curieuse circonstance, le second mot de 6 lettres n'en est plus un de par l'intervention du copiste... Le premier cas, donnant deux lettres sur une rangée du premier carré (ici XR après les prétendus décodages Vigenère, alors qu'on devrait avoir HT), peut désigner cette rangée 6, et l'autre lettre, isolée (P au lieu de S), indiquerait alors l'autre coordonnée, la colonne 6, et donc une seule case, la 6,6 point de départ du cavalier.
Cette équerre s'inscrit dans un rectangle de 6x5 cases, comme l'équerre dessinée par les chapitres spéciaux de VME, correspondant aux cases 6,6-0,1-6,1 (ci-contre dans une version simplifiée au seul parcours du cavalier) . Dans le Parchemin nous avons, toujours dans l'ordre de la polygraphie, les cases 6,6-6,3-1,6-(6,2).
Si Perec usait du qualificatif "miraculeux", que dire ici où, à partir d'un texte découpé en tranches de 6 lettres, deux mots de 6 lettres permettent presque naturellement de pointer la case 6,6 ? Presque, puisque la manipulation sur VENIIT en fait en cours de route un mot de 5 lettres, alors qu'une 4e lettre fausse aurait interdit cette désignation.
Il semble impossible de favoriser une hypothèse, tant le hasard semble avoir aidé les concepteurs. Comme j'avais avancé dans le dernier billet que la Chevalerie de Sion avait pu suggérer le parcours du cavalier, et comme nous sommes en présence d'amateurs de calembours, je serais tenté par celui-ci :
VI (6) génère Vigenère.
Ni Plantard ni Cherisey ne semblent avoir fait de commentaires poussés sur le Six, pourtant présent par le Sceau de Salomon couvrant l'Hexagone en couverture de Circuit. Des choses fort curieuses apparaissent par ailleurs dans diverses spéculations de Plantard, qui notamment attribue la polygraphie du cavalier à Vigenère. Selon Chaumeil dans Le Testament du Prieuré de Sion, Plantard aurait donné le 6 juin 1964 une conférence à RLC sur la Polygraphie du Cavalier, en utilisant une variante immédiate du parcours fermé d'Euler. Si c'est invérifiable, on remarque la date, 6/6 comme la case 6,6, et l'année 64 comme le nombre de cases.
Plus assuré est un article en 1989 traitant du symbolisme des échecs dans Vaincre, publication du Prieuré de Sion, attribué à un certain Frère Norberto. Son discours fumeux ressemble à s'y méprendre à du Plantard, et à ce pseudo correspond un saint fêté le 6 juin, encore le 6/6...
L'article est disponible ici, grâce à Mariano Tomatis. Il s'achève sur l'analyse de l'inscription au-dessus du bénitier de l'église de RLC, portée par un diable :
PAR CE SIGNE TU LE VAINCRAS
La formule commence et s'achève sur les lettres PS, et le LE inhabituel porte ses lettres à 22, nombre des arcanes du tarot (dixit Norberto). Le pavage en échiquier de l'église symboliserait le chemin spirituel de l'Initié du Prieuré de Sion, qui doit le parcourir en 3 groupes de 21 sauts du cavalier, de 1 à 22, de 22 à 43, de 43 à 64. Il peut ensuite revenir au 1, mais avec le choix entre les équerres passant par le 14, la Tempérance et le E de LE, ou le 15, le Diable et le V de VAINCRAS...
De ce fatras il peut venir que la case 6,6 selon la notation moderne de l'échiquier est aussi la 22e lettre du code, et que le Diable est concerné au premier chef.
Perec a déclaré dans l'entretien Ce qui stimule ma racontouze que l'écart du chapitre 66 avait quelque chose à voir avec le Diable, qui devait apparaître dans ce chapitre. Selon lui toujours, il serait bien connu que 6 est le nombre du Diable.
Les perecologues accueillent ces propos avec scepticisme : aucune contrainte du Cahier des Charges ne concerne le Diable. De fait il est question au chapitre 65 d'une femme qui sait faire apparaître le Diable à ceux qui peuvent y mettre le prix; c'est son amant qui joue le rôle, lequel recevra au pénitencier le matricule 1 758 064 176
qui est aussi le nombre des Diables de l'Enfer, puisqu'il y a 6 légions démoniaques comprenant chacune 66 cohortes comprenant chacune 666 compagnies comprenant chacune 6666 Diables.
Bien avant de m'intéresser au Grand Parchemin, j'avais développé diverses remarques sur VME, notamment sur mon site. J'avais ainsi vu Perec en père C, avec une allusion aux 6 protons et 6 neutrons de l'élément C (carbone), et une autre à Persée, sans avoir alors songé au cheval Pégase, modèle de l'adepte de Sion selon Norberto :
L'Initié de l'ORDRE doit faire le saut du Cavalier, comme Persée sur le cheval Pégase. Pégase étant né du corps mutilé de la Méduse à laquelle Persée a tranché la tête, ce dernier arrive en Ethiopie, origine de l'échiquier, où il délivre Andromède.
J'avais encore été frappé par certains thèmes récurrents dans VME, ne semblant pas relever des contraintes avouées, celui très net déjà évoqué du cheval, mais aussi par deux autres thèmes plus rares, et deux seulement, le Diable et la décapitation. Je crois ne l'avoir mentionné que sur la liste Perec, pour susciter d'éventuels rebonds, sans succès. Il se trouve que l'un des cas "Diable" concerne le chapitre 74, de coordonnées 0,6, celui qui complèterait le rectangle formé par le chapitre manquant et les premier et dernier chapitres. Une de ses curiosités est qu'il ne semble pas résoudre une contrainte que Perec s'est particulièrement attaché à respecter, la mention des coordonnées du lieu, sous la forme 6 ou 06.
Je me suis demandé s'il ne fallait pas la trouver dans les 6 phrases du chapitre, présentant une particularité : les 5 premières phrases sont plutôt normales, quoique sensiblement plus développées qu'un SMS, mais la 6e phrase est hors normes, s'étendant sur trois pages et 6 alinéas, à coup sûr la plus longue de VME, sinon de la littérature respectueuse d'un certain classicisme.
Dans ce chapitre 74 le narrateur Valène imagine des royaumes entiers sous l'immeuble du 11 rue Simon-Crubellier, descendant de plus en plus bas jusqu'au 6e alinéa de la 6e phrase qui semble bien décrire les Enfers :
et, tout en bas, un monde de cavernes aux parois couvertes de suie, un monde de cloaques et de bourbiers, un monde de larves et de bêtes, avec des êtres sans yeux traînant des carcasses d'animaux, et des monstres démoniaques à corps d'oiseau, de porc ou de poisson, (...)
Il est frappant que les trois chapitres existants formant les coins du rectangle (0,1)-(6,6) concernent les 3 protagonistes essentiels de l'histoire centrale de VME, Winckler, Valène et Bartlebooth.
J'espère développer bientôt sur mon site ce rapprochement entre les polygraphies VME et RLC, et je vais tenter de revenir à plus simple.
Enfin simple si on veut, car Perec a ajouté une couche de complexité à VME avec Un cabinet d'amateur, court roman où il a imaginé une histoire de faux tableaux, chacun issu d'un chapitre de VME. Il est probable que bien des subtilités concoctées par Perec seraient restées ignorées, sans la publication de ses travaux préparatoires.
Ainsi le tableau correspondant au chapitre 65 représente-t-il le Diable, et Perec a noté dans ses brouillons "Chapitre manquant", ce qui semble confirmer qu'il y avait bien pour lui une relation entre ce chapitre non écrit et le Diable. Bien que VME possède un chapitre 66, correspondant à la 67e position du cavalier, c'est dans le chapitre 65 que Perec a placé des allusions au chapitre omis, ce qui pourrait indiquer que ce n'était pas le nombre 66 en lui-même qui avait convoqué le Diable.
L'un des tableaux les plus riches en allusions est Les Ensorcelés du lac Ontario, correspondant au chapitre 3 décrivant la secte des Trois Hommes Libres, rappelant quelque peu le Prieuré de Sion. La secte d'origine japonaise est devenue ici américaine, fondée en mai 1891 par un employé de la Western Union, un tueur de boeufs et un agent d'assurances maritimes. Pourchassés, les sectaires préfèrèrent se jeter dans le lac que se rendre, dans la nuit du 13 au 14 novembre 1891.
C'est une curiosité de trouver l'année 1891, à partir de laquelle aurait débuté l'affaire RLC, avec le pilier Mission 1891 érigé quelques années plus tard par l'abbé Saunière. La date apparaît à une autre occasion dans Un cabinet d'amateur, à propos d'un tableau perdu de Poussin qui aurait été retrouvé cette année-là (dans la remise d'un loueur de fiacres berlinois !), or, selon la belle histoire du Trésor maudit, le Et in Arcadia ego de Poussin aurait été un indice essentiel pour Saunière.
On sait que Saunière a vandalisé un "pilier wisigoth" pour honorer cette date, le pilier original étant aujourd'hui conservé au musée de RLC, rétabli dans son orientation première si bien que l'inscription de Saunière est devenue 1681 NOISSIW... La date 1681 apparaît pour le tableau correspondant au chapitre 42, de coordonnées 6,7 correspondant à l'autre palier du 3e étage, à côté du 6,6 du chapitre 1. Le tableau mentionné juste avant est Les cavaliers arabes, de Delacroix, correspondant au chapitre 2, au premier mouvement du cavalier donc... Selon la belle histoire RLC, la croix du message "Par la croix et ce cheval de Dieu" désignerait Delacroix, et son Héliodore chassé du temple à St-Sulpice (cité par Plantard et Cherisey).
Quel est le tableau correspondant au chapitre 1 ? Une Visitation, attribuée à Andrea Solario, et les notes personnelles de Perec montrent qu'il a joué avec la "visite" par une agente immobilière de l'appartement du défunt Gaspard Winckler (grâce à la clé portée par un domino double-six). Ce jeu pourrait être gratuit et sans rapport avec ses intentions en écrivant VME, mais la visite de l'agente se passe comme tous les chapitres de VME le soir du 23 juin 1975, alors que la nuit de la Saint-Jean va bientôt tomber : la Visitation, c'est la visite de la Vierge Marie (appelée Fille de Sion) à Elizabeth, enceinte de Jean-Baptiste.
Ainsi les 3 premiers chapitres de VME sont transformés en une "Visite à Sion" (6,6) menant, via des Cavaliers de Delacroix (7,8), aux 78 Ensorcelés du Lac Ontario (6,0), ressemblant fort aux Initiés de Sion... Le cavalier arabe, présent dans le chapitre de VME par un emprunt à Borges, pourrait faire allusion à l'écriture arabe, inversée par rapport à la nôtre : Perec restitue probablement dans VME le rebours d'un parcours du cavalier conçu à partir du chapitre final, de même que Plantard-Norberto a inversé le parcours original d'Euler.
Les Ensorcelés du lac Ontario est un titre emprunté à Roussel (Impressions d'Afrique), bien que les contraintes liées à Roussel ne concernent pas le chapitre 3. Curieusement le sujet du tableau établit un lien inédit avec le chapitre 87, où abondent des allusions hors programme à Roussel, notamment un tableau de L.N. Montalescot, tiré des personnages Louise et Norbert Montalescot d'Impressions d'Afrique. Il y a donc un Norbert (fêté le 6/6) caché dans cette première pièce de l'appartement de Bartlebooth (6,7), contiguë au palier (6,6) où débute VME.
Je ne me sens guère à l'aise pour explorer plus avant Un cabinet d'amateur, étant quasi ignare en matière de peinture. Je vais cependant dire quelques mots du tableau correspondant au chapitre 89, point de départ du dernier billet avec sa Célestine Durand-Taillefer à Liège. En commençant ce billet, j'avais l'intention d'y insister sur la date de la mort de Cherisey, le 17 juillet 1985, remarquable pour ce fanatique du méridien zéro, car son ami Plantard assimilait l'axe 17 janvier-17 juillet dans le cercle de l'année à ce méridien.
Je choisis souvent les dates de publication de mes billets, ainsi que leurs heures, en fonction de leur contenu. Le 17 revenant doublement dans la vie d'Alexis, le saint du 17 juillet, j'ai commencé mon message le 17/6, ce que j'ai voulu surdéterminer par l'heure, 17:06, mais j'avais oublié que je postais sur Blogruz, basé sur le méridien de la Californie, avec 9 heures de décalage, si bien que l'heure indiquée à la fin du billet est 08:06.
L'écriture du billet m'a mené à tant de développements que j'ai omis cette mention, et voici qu'après avoir fini le billet j'ai songé au Cabinet d'amateur, et découvert que Perec avait retenu un infime détail de ce chapitre pour imaginer le tableau L'arrivée de Charles Wilkes à San Francisco le 17 juin 1842. Un 17 juin ! et en Californie !
Les nouvelles perspectives offertes étaient si riches que je me suis senti obligé d'en rendre compte ici, au matin du 24 juin. Songeant à une date propice pour un nouveau billet, j'ai regretté que le 23 juin soit passé, la date de VME, et puis je me suis avisé qu'avec le décalage horaire il était bien possible que la Californie fût toujours au 23/06, et j'ai aussitôt débuté un billet, sans prendre garde à l'heure.
Je me suis aperçu ensuite que l'heure enregistrée était 23:06, qui sera donc l'adresse de publication de ce message du 23/06.
Deux remarques d'une extrême pertinence de dp sur le dernier billet :
1 - Dans Durand-Taillefer, Durand peut faire allusion à Durandal, la plus fameuse des épées françaises. Taillefer peut se découper en fer, autre nom de l'épée (croiser le fer), et en taille, le côté tranchant de l'épée (frappes d'estoc et de taille).
L'épée est un mot clé de l'affaire RLC, avec le code MORTEPEE, et symbolisait pour Cherisey le méridien 0 dans Circuit, dont le chapitre 13, intitulé La MORT (d'après l'arcane 13 du tarot), invite à une promenade le long de la Rose Ligne.
Durandal est actuellement fichée dans le mur d'une église de Rocamadour, soit à une quinzaine de kms de Taillefer-Carennac, le fief du dernier survivant du Prieuré de Sion, Chaumeil, confident de Cherisey.
2 - A propos du fondeur Rondeau de Carennac, précisément, dp remarque que ses dates (1493-1543) sont fort proches de celles de Paracelse, 1493-1541, par ailleurs données dans l'index de VME. Je rappelle que Perec a signé Gargas Parac son What a man !, ainsi Parac-else pourrait être considéré comme un autre (else) Perec, alors que ce passage de VME est analysé par Bertelli comme un obituaire aux Perec disparus.
D'autres faux personnages de VME reçoivent dans l'index des dates évoquant leur source, ainsi LN Montalescot a les mêmes dates que Roussel, 1877-1933.
Le titre de ce billet, le pommadé dévoilé, est une anagramme de La Vie mode d'emploi. Ce "pommadé" pourrait être le Christ, en pensant à l'allemand Salbe, "pommade", Gesalbte, "Christ". Si le Diable se cache entre les pages de VME, pourquoi pas Dieu aussi ? Je me souviens d'une exégèse perecquienne allant dans ce sens.
J'y vois aussi un parallèle avec les mystérieuses pommes bleues du Parchemin. En utilisant la catégorisation particulière de VME, il y a moyen d'affiner le parallèle (je suis daltonien) :
La Vie mode d'emploi - Romans =
A midi, pomme de vallon rose
Note du 15 septembre 10 : mon amie plasticienne Marylin m'a signalé que mon anagramme Le pommadé dévoilé était fausse, un "i" y est devenu un "e" (mais l'anagramme ci-dessus est juste).
C'est finalement plutôt amusant, en pensant aux erreurs du Parchemin.
Marylin m'a fait l'honneur de variations sur ce thème, visible sur son site (qui nécessite Firefox), dont celle-ci :