Hier 27 novembre j'ai eu la curiosité d'entrer la requête "Rohmer nombre d'or" sur Google, ce qui m' a permis de constater que de nouveaux sites ou blogs citaient mes recherches, et que, indépendamment, un critique de cinéma trouvait des cadrages d'or dans le récent Rohmer.
J'ai été surtout stupéfait d'une page cataloguant divers livres scientifiques, parmi lesquels, dans la même collection, un livre co-écrit par Elisabeth Rohmer, et Le nombre d'or, suite de deux essais de Marguerite Neveux et de HE Huntley.
J'ai conté ici comment, le 18 septembre dernier, j'ai lu l'unique roman d'Eric Rohmer, jadis publié en 1946, qu'il a jugé bon de rééditer en juin dernier, La maison d'Elisabeth, et ai été stupéfait d'un nom propre page 144 :
C'est que mon billet Oncle et Neveux évoquait le livre de Marguerite Neveux, où je m'étonnais que sa thèse du faible impact du nombre d'or dans la peinture française n'ait pas fait mention de mon oncle, Jean Souverbie, académicien, ayant toute sa vie affirmé sa foi en cette "Sainte Mesure", pour reprendre l'expression de son maître Maurice Denis.
Ainsi Rohmer, peut-être un autre contaminé par la fièvre de l'or, me renvoyait le nom de Marguerite Neveux, par hasard puisque l'historienne de l'art n'était pas née lors de l'écriture du roman d'abord paru sous le titre Elisabeth, et voici que la collection où est paru le livre de Marguerite Neveux, en inédit sous le n° 108, renvoie le nom Elisabeth Rohmer, co-auteur du n° 105:
Si seul le nom d'Abraham Moles apparaît sur la couverture, il suffit d'aller consulter sa bibliographie pour savoir qu'il est écrit en collaboration avec Elisabeth Rohmer, sa femme (aussi nommée Elisabeth Rohmer-Moles).
Une curiosité supplémentaire est que j'avais deux oncles parisiens, l'oncle Jean qui habitait l'Institut, et l'oncle Maurice qui habitait bd Magenta.
Comme je l'écrivais dans la page précitée, j'ai été complètement imperméable à ce que Rohmer avait pu vouloir dire dans ce livre, et je n'ai notamment pas compris ce que cette couturière venait faire dans l'histoire (pour autant qu'il y en ait une). Il n'est aucunement question de cette visite auparavant, aucun écho n'y sera donné ensuite.
J'ai fait part de ce nouvel incident à ma précieuse amie dp, dont l'immense érudition s'est encore révélée indispensable. Il a existé une "couturière des lettres", Marguerite Audoux, prix Femina en 1910 pour son roman largement autobiographique, Marie-Claire, best-seller de l'époque. Cette Marguerite, née Donquichote, a donné une suite à ce succès en 1928, L'atelier de Marie-Claire.
Ceci expliquerait-il pourquoi Rohmer a republié son Elisabeth de 46, signée Gilbert Cordier, sous le titre La maison d'Elisabeth ? Ce serait au moins une piste à creuser, sans écarter l'idée que ce pourrait être une coïncidence analogue à l'imbroglio Neveux-Rohmer.
De la couturière au cordier, il y a tout de même un fil conducteur, sinon une ficelle un peu grosse. Et la popularité du roman Marie-Claire est pour quelque chose dans le choix du nom du magazine Marie-Claire, apparu en 1937, qui connaîtra en 1967 un produit dérivé, La Maison de Marie-Claire...
Curieux, mon billet précédent m'avait amené au Grand Prix des lectrices de Elle, et me voici entre Marie-Claire et le prix Femina. Ce n'est pas le seul point commun que je vois avec ce billet où j'évoquais la fantastique coïncidence des 216 lettres de 3 versets bibliques de 72 lettres chacun, cités page 216 du Zohar, à l'origine des 72 anges de la Kabbale, aux noms formés de combinaisons trilittères de ces 216 lettres suivies d'un suffixe en 2 lettres, soit en tout 216+144 = 360 lettres pour les 72 anges. Sans connaître ces détails, Bernard Werber a réussi à énumérer une partie de ces anges dans la section 216 de ses Thanatonautes, laquelle débute page 360 de l'édition en poche...
J'avais remarqué la page 144 de La maison d'Elisabeth, où apparaît Marguerite Neveux, non à cause de cette coïncidence dont je ne savais rien alors, mais parce que je connaissais déjà diverses curiosités concernant les pages 144 de plusieurs ouvrages, la plus extraordinaire étant dans le troisième volume de l'édition Musica Budapest d'un choix de 200 sonates de Scarlatti, édition de référence par ses multiples qualités. Voici un extrait de la table de ce 3e volume:
La 144e des 200 sonates débute page 144, d'accord, mais cette sonate est mieux identifiée par ses numéros dans les deux grandes classifications de l'oeuvre de Scarlatti, Longo et Kirkpatrick, soit L.288 = 2x144 et K.432 = 3x144. Il existe une autre classification, chronologique comme la dernière en date de Kirkpatrick, peu utilisée aujourd'hui, et le numéro de la sonate selon cette classification Pestelli est P.288 = 2x144...
J'ai choisi le titre de ce billet avant de l'écrire, avant d'explorer en détail les résultats de la recherche "Rohmer nombre d'or". Parmi la quarantaine de pages francophones, l'une des dernières vient du blog du psy Roland Léthier, où les deux termes de la recherche sont réunis par hasard, parce qu'un billet parle d'Elli Medeiros, qui a fait la musique d'un Rohmer, un autre du Corbusier. Il se trouve que j'ai rencontré sa femme, Elisabeth Léthier, qui n'est pas une "couturière des lettres", mais une "brodeuse de lettres": elle a brodé les hétérogrammes de Perec, notamment ceux de La Clôture comptant chacun 144 lettres.
La seule page mentionnant cette Elisabeth Léthier est sur mon site, j'y montre une de ses créations. M'apercevant que Léthier (nom qui pourrait être une déformation de luthier selon mon dictionnaire, ce qui n'est pas loin de cordier) est à une lettre près l'anagramme d'atelier, je lui dédie tout naturellement ce billet.