vendredi 5 août 2011

Philadelphia Exphiriment

Ce 1er août, une investigation m'a conduit à découvrir le plan original de la ville de Philadelphie, lors de sa fondation en 1682 par William Penn. J'ai été frappé par la dissymétrie verticale, alors qu'horizontalement la place centrale, destinée à devenir le centre administratif de la cité, était rigoureusement au milieu d'une des premières villes bâtie selon un damier rectangulaire presque parfait, à peine contrarié par la sinuosité des deux cours d'eau navigables bordant la ville, le fleuve Delaware à l'est, la rivière Schuylkill à l'ouest, se jetant un peu plus bas dans le Delaware.
Cette centralité était prévue au pied près, des mesures d'époque donnant 5088 pieds de chacune des deux rues en front de rivière jusqu'à l'axe nord-sud de la ville, Broad Street de 100 pieds de large (31 m), avec le détail des mesures de chacun des 11 blocs, sans oublier les largeurs des 10 rues intermédiaires, de 50 pieds chacune.
A la manière des villes romaines, cet axe nord-sud croisait avec un axe est-ouest, High Street, également de 100 pieds de large. Les distances aux rues parallèles, portant toutes des noms d'arbre, 3 au nord et 5 au sud, sont également données, 1995 pieds de Vine Street à High Street, puis 3148 pieds jusqu'à Cedar Street.
4 parcs dans les 4 quartiers de la cité, symétriques par rapport à Center Square, soulignent la dissymétrie initiale nord-sud, laquelle pouvait avoir une explication : les fondateurs envisageaient une future extension de la ville (avec raison puisqu'elle a compté jusqu'à 2 millions d'habitants), mais des marais semblaient interdire cette extension vers le sud (ils n'ont en fait pas empêché l'urbanisation).

Attendu que le partage de 8 en 5 et 3 évoque la suite de Fibonacci, j'ai été curieux de consulter un plan ultérieur de la ville, et sidéré par ce plan de 1846 (ici limité à la zone historique, cliquer pour agrandir) :
Center Square, maintenant nommé Penn Square, n'y apparaît pas du tout au centre des deux rivières, et le plan original de 1682 de 11 rues de part et d'autre de Broad Street ne semble pas avoir été réalisé, malgré la précision des mesures alors avancées.
En 1846 il y a une Front Street à l'ouest et une autre à l'est, pratiquement rectilignes, qui sont aussi des 1st Street puisque la rue suivante est une 2nd Street. En tant qu'amateur de coïncidences 813, je suis abasourdi qu'il y ait 8 rues à l'ouest de Broad Street et 13 à l'est, comme en témoigne ce détail (tourné de 90°).
La disposition originale nord-sud semble avoir en revanche été respectée, et on retrouve les 3 rues au nord de High Street, Vine, Sassafras et Mulberry, et les 5 au sud, Chestnut, Walnut, Spruce, Pine et Cedar, mais, nouvelle sidération, d'autres artères importantes ont été ajoutées, portant à 13 le nombre total des rues croisant Broad Street, idéalement réparties encore en 5 et 8.
Il apparaît ainsi sur ce plan une structure idéalement fibonacienne autour des deux axes principaux, de 21 blocs EO répartis en 8+13, et 13 NS répartis en 5+8, et je ne trouve plus de mots pour exprimer mon vertige car, pour un motif expliqué plus loin, je me suis vers 2001 intéressé au découpage syllabique de Philadelphia, où la première syllabe Phi peut correspondre à la désignation du nombre d'or, Phi = 1.618...
Les 3 autres syllabes livrent ensuite les gématries (A=1, B=2, etc.)
LA = 13,
DEL = 21,
PHIA = 34,
trois nombres consécutifs de la suite de Fibonacci où le rapport de deux nombres successifs tend vers le nombre d'or.
Mieux encore, en prenant pour Phi l'approximation courante 1.618, on a
13 x 1.618 = 21.034
On pourrait écrire ainsi :
Phi x LA = DEL. PHIA

Je précise d'emblée que je ne vois aucune intention dans ces coïncidences fibo-philadelphiennes. Comme je l'ai déjà développé ailleurs sur ce blog, le nombre d'or n'a commencé à être utilisé consciemment dans la création artistique que dans la seconde moitié du 19e, et la désignation Phi date du début du 20e.
En lisant ce que j'ai pu trouver en ligne sur les origines de Philadelphie, une idée m'est venue en apprenant que les clients à l'achat de terrains préféraient nettement le côté Delaware au côté Schuylkill, ainsi un esprit mercantile aurait pu souhaiter déplacer le "milieu" de la cité, de telle sorte qu'il y eût plus de lots côté est, vendus au prix fort...

J'ai encore trouvé ce plan de 1756, très peu précis, mais où le quadrillage montre néanmoins 9 x 22 rues, soit 8 et 21 sans compter les axes principaux, qui ne sont hélas pas figurés (à remarquer tout de même que le parc du sud-est est correctement placé): (En fait ce plan est confirmé par d'autres donnant l'emplacement de Center Square, j'en donne un plus loin.)

Prendre des mesures sur le plan de 1846 est très aléatoire, même s'il est évidemment plus proche de la réalité que celui de 1682. Un autre bond de 162 ans mène à l'époque contemporaine, et à GoogleEarth dont les outils permettent toutes sortes de mesures.
J'ignore leur fiabilité et je ne suis pas sûr d'utiliser optimalement le logiciel, aussi je ne peux qu'inviter à reprendre et vérifier ma démarche, dont je présente succinctement les principaux résultats.
La GoogleMap ci-dessous peut-être agrandie en cliquant dessus :En rouge le pourtour original. La plus grande partie de Vine Street au nord a laissé place à une voix express, mais une partie de l'ancienne rue subsiste à l'est, permettant d'extrapoler le tracé ancien vers l'ouest. Cedar Street a été renommée South Street.
Les rues NS ont été renumérotées à partir de l'est, où la 1st est toujours Front Street, mais l'autre Front Street côté ouest est maintenant la 22nd Street. Ces rues se superposent exactement à celles du plan de 1846, car il n'y a pas de 14th Street, correspondant à Broad Street (renommée Avenue of the Arts sur une partie de son cours).
En jaune Broad Street et High Street, désormais Market Street.

Du sud au nord, en prenant les mesures au niveau de la 4e rue qui croise encore avec l'ancienne Vine Street, et en partant des bâtiments comme le suggérait le document cité plus haut, j'ai trouvé 5275 pieds, dont la section d'or est 3260. J'ai trouvé 3200 pieds au milieu de Market. A remarquer qu'un mile correspond à 5280 pieds, et que 3200 est presque exactement le nombre donné par le document, 3148 + 50 pieds à mi-rue.
De l'est à l'ouest, différentes mesures concordent pour donner 9734 pieds, et 6055 au milieu de Broad Street. La section d'or calculée est 6016, ainsi dans les deux cas les axes de la cité historique sont fort proches des sections d'or, qui tombent dans ces rues maintenant élargies.

On s'y attendait un peu, vu les nombres de rues fibonacciens, mais il fallait néanmoins le vérifier et ç'aurait pu tomber plus mal (ou mieux).
Il y a bien plus étonnant. Les traits argentés correspondent aux longueur et largeur du rectangle formé par les coins extérieurs des parcs de la cité. Le parc NO a été complètement remodelé en Logan Circle, et il en va en partie de même pour le parc NE, néanmoins une extrapolation à partir du tracé virtuel de l'ancienne Vine Street m'a livré une largeur de 3752 pieds, avec une certaine marge d'erreur, tandis que la longueur plus fiable au niveau des parcs sud donne 6082 pieds (entre les milieux des trottoirs extérieurs aux parcs), dont la section d'or est 3758.
La proximité du rectangle englobant les 4 parcs avec un rectangle d'or peut se vérifier sur le plan de 1846. La même page donne un plan de 1865, à plus petite échelle, mais qui a l'avantage d'être parfaitement orthogonal. Je m'en suis servi pour réaliser ce quadrillage montrant en rouge les deux axes, en bleu les 34 rues principales les croisant, 21 NS et 13 EO :En transparence le rectangle englobant les 4 parcs. Ceci souligne l'ajout de dissymétrie EO par rapport au plan initial, car il aurait pu être logique de conserver ces parcs à égale distance de Broad Street, alors qu'il semble qu'on ait plutôt gardé les intervalles à partir de l'est des axes principaux, 5 blocs à l'ouest du Delaware, 4 blocs à l'ouest de Broad Street.
Je remarque que ceci amène une autre division fibonacienne EO, 5-8-5-3 blocs, grosso modo car chaque parc n'occupe pas une case exacte du damier, ce qui semblait prévu dès l'origine.
Il en résulte que Broad Street n'est que très imparfaitement à la section dorée de la longueur du rectangle englobant les parcs, elle correspondrait plutôt à la médiane dorée entre les centres des parcs, ce qui m'a mené à mon plus fabuleux résultat.
Les centres des deux parcs sud, Washington Square et Rittenhouse Square, sont matérialisés dans un cas par un bassin, dans l'autre par cet édicule hexagonal. Je ne sais si ces centres correspondent exactement aux parcs originaux, en tout cas ils permettent une mesure très précise qui m'a livré le curieux nombre de 5555 pieds (soit 55 x 101, avec 55 nombre suivant 13-21-34 dans la suite de Fibonacci et 101 valeur de PHILADELPHIA). La section d'or de 5555 est 3433, et le croisement de la ligne 5555 avec l'axe médian de Broad Street (du moins la ligne médiane sur la chaussée) se fait à 3441 pieds, soit à 2 m de la section d'or idéale.

Voilà. Je n'imagine pas qu'il y ait quoi que ce soit de logique à déduire de tout ça, mais je me permets de souligner que Philadelphie a une riche histoire. Ce fut d'abord le lieu de l'utopie, de l'amour fraternel, où tous les réprouvés de la terre étaient bienvenus, où la peine de mort était interdite. Puis la déclaration d'Indépendance y a été signée, elle fut un temps la capitale des USA, sa plus grande ville.
En 1871 fut commencée la construction de l'Hôtel de ville, sur la place centrale de la cité, aujourd'hui City Hall, carrefour des fameux axes dorés... Il était alors prévu pour être le plus haut édifice du monde, avec sa tour de 167 m, mais la Tour Eiffel a effacé cette prétention, bien que l'édifice comptabilise divers records.
William Penn trône en haut de ces 167 m, et c'est l'occasion de signaler que c'est un nom doré, de la plus belle sorte, dont la probabilité est d'environ 1 chance sur 100 :
WILLIAM PENN = 79/49 = 1.612...
Il a abandonné un temps le sort de sa Sylvanie et de Philadelphie à son ami
PHILIP FORD = 70/43 = 1.627...

Peut-être puis-je en venir maintenant à ce qui m'a fait m'intéresser à la gématrie de PHILADELPHIA.
En 2001 ma passion pour Ellery Queen m'a conduit à une hypothèse fibonacienne sur la structure de ses romans, avec notamment ceci :
- ses 9 premiers romans, les 'Mysteries', totalisent 233 chapitres, 13e nombre de Fibonacci;
- le 4e roman a 34 chapitres, répartis en 2 parties de 21 et 13 chapitres, dont les titres donnent en acrostiche le titre du livre et son auteur, THEGREEKCOFFINMYSTERY et BYELLERYQUEEN; je m'étais alors fait la remarque qu'il y avait de part et d'autre de ce roman singulier 3 et 5 Mysteries, évidemment ignorant du plan initial de Philadelphie avec les 3 et 5 rues de part et d'autre de High Street;
- son 10e roman, Halfway House (1936), marque une rupture, par son titre, dont éventuellement on peut remarquer la gématrie 144, 12e Fibonacci, et par sa structure, en uniquement 5 chapitres, aux titres tautogrammes en T.

J'ai donné quelques commentaires sur mes pages Queen, sans trop approfondir le mystère de cette Maison à mi-route, à Trenton, utilisée par un bigame comme relais entre ses deux vies, à Philadelphie où il a épousé une femme maintenant âgée de 31 ans, et à New York où il est marié à une richissime héritière de 49 ans.
Le bigame Gimball d'environ 40 ans est aussi à mi-route entre ces âges en rapport d'or, et si Trenton n'est guère géographiquement à mi-route entre Philly et la Grosse Pomme, elle l'est gématriquement car
PHILADELPHIA = 101
TRENTON = 106
NEW YORK = 111
Le découpage doré NEW YORK = 42/69 m'a conduit à m'intéresser au découpage syllabique de Phi-la-del-phia.

J'ai eu la curiosité de revoir le film Philadelphia, de Jonathan Demme (1993). Les 115 mn du film effectif sur DVD (suivies d'un générique de 5 mn) se partagent assez idéalement selon le nombre d'or entre 44 mn pour l'exposé du problème (un avocat gay viré de sa firme parce qu'atteint du sida) et 71 mn pour le procès, qui se tient dans l'immense City Hall, au centre doré de la Philadelphie historique.
Entre les deux une séquence aérienne de 20" survole le City Hall, commençant par tourner autour de la statue de William Penn, champion de la tolérance.

PS du 9 août. J'ai trouvé ce plan du métro de Philadelphie, qui confirme la prépondérance des 21 blocs (8-13) de l'ouest à l'est soulignés par mon quadrillage sur le plan de 1865 :Les deux lignes principales suivent les axes majeurs. Du nord au sud on a 4-7 blocs plutôt que mes 5-8, à cause du chamboulement sur Vine Street au nord et de l'omission de Sansom Street entre Chestnut et Walnut, ce qui ne me semble pas anéantir mon quadrillage 21 x 13, qui était peut-être plus pertinent au 19e siècle, mais que je retrouve sur cette carte actuelle (qui omet quelques rues à l'est).

De toute façon, le plus extraordinaire me semble être le passage du plan original de 1682 en 9 x 23 rues, ou 8 x 22 cases, avec Center Square au milieu de l'axe est-ouest, à la ville effective construite sur un damier de 8 x 21 cases, comme sur la carte de 1750 donnée plus haut, avec Center Square répartissant largeur et longueur en 3-5-8-13, quatre Fibos consécutifs.
Si Center Square n'y apparaissait pas, il est en revanche présent sur cette carte française de 1764, trouvée grâce au site MapsOldPhiladelphia : Commode pour trouver son chemin, n'est-ce-pas ?
En fait, une carte plus précise de 1777 montre que la ville ne s'est d'abord développée que du côté Delaware, et qu'elle avait dépassé au nord et au sud les limites fixées par William Penn alors que seules quatre des rues est-ouest étaient prolongées jusqu'à la Schuylkill.
Une carte de 1762 montre la State House, où sera signée en 1776 la Déclaration d'Indépendance, érigée à l'est de la 6th Street, sans se soucier du centre administratif fixé par Penn.
Cette 6th Street, qui partage les 13 blocs à l'est de Broad Street en 8+5, est aujourd'hui un axe touristique essentiel, entre les squares Franklin et Washington à l'ouest, et les 4 squares de l'Indépendance dans les blocs intermédiaires à l'est.

La Déclaration de 1776 me disait quelque chose dans le contexte 813, et je me suis rappelé ce que c'était, abordé sur mon billet Surimpressions hébraïques. Une page d'un site chrétien d'exploration numérologique de la Bible hébraïque voit une certaine récurrence de 813 dans les 4 premiers vers de la Genèse, avec notamment :
3 Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. = 813
4a Dieu vit que la lumière était bonne; = 963
4b et Dieu sépara la lumière des ténèbres. = 813
Les valeurs s'appliquent aux versets hébreux correspondants.

Or 813+963 = 1776, et on a donc une symétrie qui se traduit notamment par
verset 3 = 813
verset 4 = 1776
Le site en question ne manque pas de mettre en relation la lumière divine avec la fondation des USA, insistant sur l'unité marquée par la formule e pluribus unum, désignant les 13 états originels de l'Union, en 1-8-4 lettres correspondant en hébreu aux lettres אחד formant le mot ehad, "un", de valeur 13.
Je préfère signaler dès maintenant ces correspondances, qui sont à mon humble avis au-delà de toute interprétation, avant qu'un petit malin ne tire les plus folles déductions du fait que la Déclaration d'Indépendance et la Constitution des USA furent signées dans une ville 8-13.

PS Je suis revenu sur cette affaire plus en détail sur mon blog en anglais, et suis allé un peu plus loin sur Quaternité, avec le billet Naccipolis.

vendredi 13 mai 2011

la multiplication des 813


Il est des questions qui m'obsèdent, telle celle-ci :
Existe-t-il une relation entre les parutions la même année 1910 du livre 813, de Maurice Leblanc, et du Liber 813 d'Aleister Crowley ?
La question est relancée par la parution 100 ans après, semble-t-il due à une erreur de fabrication, de deux numéros 813 dans la collection Rivages/Noir, soulignée par le fait que 2010/11 est aussi l'an 138 de l'Ere Pataphysique.

Le premier titre est le roman le plus ambitieux de Leblanc, la plus longue aventure de Lupin, publiée en feuilleton dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910, parue en volume chez Lafitte en juin 1910 (ci-dessus la couverture originale, grâce à la courtoisie d'Arne Lupinès, de L'Agence Lupin).
L'autre, dont le titre complet est Liber 813 vel ARARITA, serait un texte qui aurait été dicté à Crowley en écriture automatique pendant l'hiver 1907-08...
On en trouve le texte ici en anglais, sans indication de date de publication, et en français, avec pour première publication dans ‘The Holy Books’, vol. 3 (Londres, 1909-10).
Le texte est aussi appelé Liber ARARITA (אראריתא) vel 813 (DCCCXIII), "Livre Ararita ou 813", les deux termes étant en fait équivalents, ARARITA étant acronyme d'une phrase en hébreu signifiant Une est Ton Origine ! Un est Ton Esprit, et Ta Permutation Une ! La valeur numérique des lettres hébraïques ARARITA est 813.
Curieusement, dans le roman de Leblanc, 813 est un nombre énigmatique qui n'est pas important en lui-même une fois l'énigme résolue, ce sont uniquement ses chiffres 8-1-3 qui sont significatifs, quel qu'en soit l'ordre, ainsi toutes les permutations de 813 auraient été également valables, telles 138 et 381. Non seulement est-il paru deux livres 813 en 1910, mais tous deux ont un rapport avec la permutation.

Il n'y a rien d'absolument impossible à ce que Leblanc ait connu Crowley, qui effectuait alors de fréquents séjours à Paris, et qui avait inspiré le personnage principal de The Magician, de Somerset Maugham (1908). Je me suis inscrit à un forum public consacré à Crowley pour poser la question, qui est apparue comme sujet 3325 du forum; lorsque je suis revenu y voir, ma question avait disparu et je n'étais plus membre du forum, sans aucune explication ni notification.

L'énigme 813 outrepasse nettement ce problème difficile à élucider, ainsi un siècle plus tard le monde de l'édition connaît un nouveau bégaiement impliquant 813. L'une des grandes collections françaises de polar est Rivages/Noir, créée en 1986 par François Guérif, au succès tel qu'elle est parvenue en mars à son numéro 813, qui échut à un auteur français, Tito Topin.
Le coup de tonnerre vint deux mois plus tard, avec la parution d'un autre n° 813 :Merci Black JackRenseignements pris, il s'agirait d'un cafouillage pour cet autre roman français qui était prévu sous le numéro 821, mais l'éditeur a assumé l'erreur et les deux livres figurent à son catalogue sous le numéro 813, tandis que le numéro 821 reste inattribué.Ce n'est peut-être pas une erreur unique, le catalogue affichant aussi deux numéros 717, au lieu des numéros 716-717. Détail amusant, j'ai trouvé une chronique de 2009 en faisant état, due à François Braud, n° 716 de 813.

La bévue sur 813, assurée fortuite par Rivages/Noir, prend une tournure fatidique aux yeux d'un pataphysicien, pour lequel l'année en cours est l'an 138 de l'Ere Pataphysique (dont l'an 1 a commencé le jour de la naissance de Jarry, le 8 septembre 1873 vulgaire), or le premier numéro en 138 EP de la revue du Collège de 'Pataphysique, Viridis Candela, était le n° 13, 8e série. Nul calcul dans cette coïncidence, à moins qu'elle n'ait été ourdie bien des décennies plus tôt, car la revue a été conçue dès l'origine (en 1950 vulgaire, 78 EP) selon une loi rigoureuse, 4 numéros par an, chaque série durant 7 ans et donc 28 numéros, au terme desquels maquette et sous-titre de la revue changent. La 8e série, Le Correspondancier, a débuté en Absolu 135 (septembre 2007 vulgaire), et c'est une logique implacable qui a donc fait du 1er numéro de 138 le 13 de cette 8e série, trois mois après le centenaire de la parution du 813 de Leblanc. A moins d'occultation du Collège, le numéro 8 de la série 13 paraîtra le 1er Gidouille 171 EP, soit le 15 juin 2044. Pour ce qui est du Liber 813 de Crowley, je n'ai pas réussi à trouver la date précise de sa première publication qui, au cas où elle aurait été postérieure au 7 septembre 1910, aurait été en 38 EP.

Divers illustres pataphysiciens se sont passionnés pour Arsène Lupin, auquel a d'ailleurs été consacré un numéro complet de Viridis Candela (5e série, n° 10).
Le 13 Phalle 100 EP (soit le 23 août 1973 vulgaire) a été fondée la Sous-Commission du Collège Oulipopo (Ouvroir de Littérature Policière Potentielle), par divers pataphysiciens parmi lesquels les spécialistes du polar Michel Lebrun et Jacques Baudou. Peu après s'y sont joints des non-pataphysiciens, tel François Guérif (futur patron de Rivages/Noir).
Au sein de cette équipe est née l'idée d'une association ouverte à tous d'Amis de la Littérature Policière, qui fut fondée en 1980, principalement à l'instigation de Lebrun qui lui trouva son nom, 813 en hommage à Leblanc, et proposa qu'elle fut limitée à 813 membres. Il en fut le numéro 1, tandis que le n° 813 était réservé à un descendant de Leblanc. Guérif, n° 74, fut président de 813 de 1992 à 1995. Il jouxte Lebrun sur cette photo de l'Oulipopo en 1982 :
La plupart des professionnels du polar ont un jour ou l'autre été membres de 813, sans parler de nombreux amateurs. J'en ai été membre plus de 10 ans, et l'ai quitté il y a 2 ans, précisément suite au refus des responsables actuels de la revue (813) de s'intéresser au lien éventuel entre Crowley et Leblanc.
Joseph Bialot fut un membre de la première heure de 813, avec le n° 15, Tito Topin y a le n° 679.

L'attribution du n° 813 de Rivages/Noir à Tito Topin offre une autre curiosité, car la valeur numérique de TITOTOPIN est 138 (addition des rangs de ses lettres dans l'alphabet).
Topin rime avec Lupin qui décodait un message selon ces équivalences dans une nouvelle parue en avril 1911, avec une autre coïncidence éditoriale stupéfiante car ce même mois Sherlock Holmes utilisait le même procédé dans une nouvelle inédite, avec d'autres parallèles étudiés ici.

J'ai étudié ici et l'éventualité de correspondances gématriques cachées dans l'oeuvre de Leblanc, particulièrement pour 813 qui pourrait contenir de multiples allusions à l'affaire de l'enfant lupin Gaspard Hauser, en la transposant du duché de Bade à celui des Deux-Ponts, car GASPARD HAUSER = DEUX PONTS = 138.
Ceci rend compte de la solution de l'énigme 813, validant n'importe quelle permutation des nombres 1-3-8, et le choix particulier de la forme 813 offre une possible subtilité de cet ordre :
HUIT CENT TREIZE = 183, autre permutation de 813.

Un autre clin d'oeil de Leblanc apparaît peut-être dans ce détail du roman, où le 13 août peut se lire 13/8 : Le choix du nombre 813 par Leblanc peut donc avoir de multiples raisons, tout à fait indépendantes de Crowley. A propos de ce dernier, sans préjuger de la réalité de la réception miraculeuse des "textes saints" concernés, du moins peut-on se demander si une signification quelconque pourrait être attribuée à 813, car la formule ayant pour acronyme ARARITA est inconnue antérieurement à ce texte.
Crowley était parfaitement à l'aise avec les jeux gématriques en hébreu, et il est assez remarquable que les nombres un-trois-huit y soient ehad-shalosh-shemone, de valeurs
אחד-שלש-שםנה = 13+630+395 = 1038,
permutation de (0)138 ou (0)813.
Par ailleurs, du fait des révélations qui lui étaient prodiguées, Crowley se proclamait "Maître du Temple", grade le plus élevé dans l'échelle de la Golden Dawn, s'écrivant 8°=3° (avec un petit carré à la place du second °). Je n'ai pas la moindre idée de ce que ça signifie, mais ceci pourrait avoir un rapport avec 8-1-3.

Ayant une certaine affection pour 813, j'ai été heureux de voir la bévue de Rivages/Noir associer ce nombre à Joseph Bialot, personnage extrêmement sympathique, rencontré en 2001 lors d'une manifestation 813, précisément.
J'apprécie aussi beaucoup ses livres, notamment sa tétralogie LOUP (publiée au Seuil en 1999-2001), bien que son héros Loup Fresnel ne semble en rien inspiré par Arsène LUPIN.
Bialot y a ajouté une conclusion avec une enquête sur l'assassinat de Loup dans La Ménagerie : Entre chien et loup, son premier titre publié par Rivages/Noir en 2007, n° 635, 186 numéros avant le n° 821 qui lui serait en principe attribué pour son roman suivant chez Guérif.
En 2009, Bialot a publié 186 marches vers les nuages chez Métailié.
Il est aussi à souligner que Bialot est le premier détenteur du "fauteuil n° 15" de 813, ce qui en fait le plus ancien adhérent. Le seul numéro antérieur toujours attribué à son premier détenteur est le 1, déclaré incessible après la mort de Michel Lebrun.

J'ai lu peu de Tito Topin, et vais peut-être m'y remettre après la constatation que son numéro 813, 679, additionné de la gématrie 134 d'ARSENE LUPIN que j'ai vue omniprésente chez Leblanc, mène au total fatidique :
679+134 = 813
Ce lien vers le Gématron permet de vérifier les principales relations gématriques abordées plus haut.

Je rappelle que j'ai consacré de nombreuses pages de ce blog aux citations de 813 dans les films de Truffaut, répertoriées ici, n'ayant a priori à voir ni avec la 'pataphysique ni avec l'association 813.

En écrivant ceci ce 13 mai, j'écoutais d'une oreille les infos de 13 h à France-Inter. Ensuite vint l'émission La marche de l'histoire, consacrée à Belphégor, et l'invité venu en parler était Jacques Baudou, l'un des fondateurs pataphysiciens de l'Oulipopo et de 813.

PS du 5 octobre : je ne vois pas d'immédiat rapport avec le numéro 821 de Rivages/Noir devenu 813, mais il existe une autre bizarrerie 813-821 qu'un récent passage à la BPI de Beaubourg m'a remémorée.
Dans la classification décimale Dewey, le premier chiffre 8 correspond à la littérature, le second chiffre aux langues, et cet Américain a choisi le number one pour la littérature américaine. Dans la sous-catégorie suivante, 3 correspond à la fiction, et j'ai ainsi depuis longtemps remarqué sur des livres américains en VO que leur classification Dewey débutait par 813, ceci encore récemment en consultant Only Revolutions, de Mark Z. Danielewski, à l'occasion de l'écriture de Naccipolis sur Quaternité. Sa classification Dewey est 813/.54 22.
Cette classification est utilisée par la plupart des bibliothèques, mais la BPI en emploie une variante, la CDU (Classification décimale universelle) où la littérature américaine est cotée 821, ainsi la cote de Only Revolutions est-elleD'autres bibliothèques (universitaires notamment) utilisent la même classification, mais elle est en régression au profit de la CDD (Dewey) et les auteurs américains aujourd'hui cotés 821 pourraient être cotés prochainement 813 (comme dans les médiathèques publiques par exemple).

Tout ce que je vois à ajouter est que Rivages/Noir a d'abord publié essentiellement des romans américains (85% parmi les 100 premiers titres), dont la proportion a progressivement décru (moins de 50% pour les 100 derniers titres). Je m'émerveillais plus haut que les deux numéros 813 aient échu à des auteurs français, membres de 813, mais il aurait été peut-être plus frappant que le 821/813 ait échu à un roman américain, situé à la cote 813 ou 821 selon les bibliothèques.

PS du 7 décembre : Je pensais qu'Aleister Crowley était le créateur de la formule ARARITA, mais elle est bien plus ancienne et déjà mentionnée dans la Philosophie occulte d'Agrippa (1531), lequel l'a empruntée à des sources hébraïques antérieures.
Il semble en revanche acquis que ce soit Crowley qui en ait détourné le sens vers l'idée de permutation, et qui l'ait rendue synonyme de sa valeur numérique 813.
En France, Eliphas Lévi mentionne la formule dans Dogme et Rituel de la haute Magie (1854), critiqué par La Revue philosophique et religieuse en 1855, où je note ce commentaire, dont je ne sais s'il exprime la pensée de Lévi ou celle de son critique A. Vaillant:
C'est pourquoi les cabalistes hébreux le nomment et le nombrent par les sept lettres du mot ararita, ou comme dirait le caldéen, ararati, c'est-à-dire alta nox, haute nuit, nuit étoilée dont les sept astres du pôle sont, au septentrion qui les nomme, l'alta ratio, la haute raison de la lumière du jour (...)
Je remarque donc ararita devenant son anagramme ararati, et sa relation aux sept astres du pôle, soit à la Petite Ourse. Un autre roman de Leblanc, La Comtesse de Cagliostro, est fondé sur une énigme septénaire, dont la solution sera la Grande Ourse.
Je remarque encore la relation à la lumière, alors qu'il est assez connu, notamment de Crowley, que le 3e verset de la Genèse, Dieu dit "Que la lumière soit !", et la lumière fut., a pour valeur 813.